Une rentrée scolaire bien spéciale pour une mère adolescente
MATERNITÉ. Kassandra Guimond a effectué une rentrée scolaire bien spéciale la semaine dernière. La Coaticookoise de 16 ans est retournée en classes après avoir donné naissance à Abeillya, il y a deux ans et demi.
La jeune femme assure avoir pris ses responsabilités dès qu’elle a su qu’elle était enceinte à 13 ans, soit l’année de sa première secondaire à La Frontalière. «Ce fut un accident; le condom s’est brisé. Ce n’était vraiment pas dans mes plans d’avoir un bébé à cet âge», confie-t-elle.
Se voyant trop jeune et sans ressources financières pour élever un enfant, l’avortement s’est avéré une option à privilégier pour elle. Cependant, tout a basculé en entendant le cœur de son bébé dans son ventre. «Je ne pouvais pas prendre la pilule du lendemain, j’étais enceinte de deux mois et demi quand je l’ai su», dit-elle.
Ses parents l’ont appuyée dans sa décision, mais en insistant sur l’importance d’élever elle-même le bébé. «J’ai cependant doublé ma première secondaire, car j’étais stressée et souvent malade. Le jugement des autres a aussi été difficile à vivre», témoigne Kassandra.
Elle fait néanmoins son année scolaire après la naissance de la petite, mais à distance et à son rythme. Maintenant plus grande, Abeillya fréquente maintenant le CPE l’Enfantillage, ce qui permet à Kassandra d’effectuer un retour à l’école des adultes pour compléter ses 2e, 3e et 4e secondaires. Son objectif est d’amorcer son diplôme d’études professionnelles (DEP) en production animalière dans deux ans.
Sa page Facebook a explosé d’amis depuis un article publié dans le Journal de Montréal et une entrevue à l’émission de Denis Lévesque (TVA) à son sujet. Avec les réseaux sociaux, elle souhaite partager son expérience, mais aussi répondre aux interrogations des autres jeunes filles, enceintes ou pas. «La principale préoccupation demeure la réaction des parents. Moi, ils m’ont beaucoup aidé», dit-elle.
Avec du recul, Kassandra demeure persuadée qu’elle a pris la bonne décision, même si elle élève aujourd’hui son enfant sans le père biologique. «Je conseille aux filles de mon âge d’attendre avant de faire des enfants, car, dans le meilleur des mondes, j’aurais préféré faire mes études et vivre un peu plus ma vie de jeunesse avant d’accoucher», avoue-t-elle.
L’amitié et l’amour de son entourage, l’appui de ses parents, sa maturité et sa patience à l’égard du jugement des autres figurent parmi la recette gagnante de Kassandra. «Je me sens vraiment une personne plus forte aujourd’hui», assure-t-elle.