Une histoire d’amour qui traverse le temps… et les frontières

COATICOOK. Elle est originaire de Compton, lui de la République démocratique du Congo. Bien que des milliers de kilomètres et un océan les aient séparés au début de leur vie respective, une rencontre fortuite dans une discothèque de Sherbrooke, il y a de cela 52 ans, unira leurs destins à tout jamais.

À l’époque, Armand Mbatika était étudiant en science de l’éducation à l’Université de Sherbrooke. « Un soir d’été, après un gros match de soccer, un ami m’a proposé de sortir, pour se reposer. Dans le temps, on allait à la discothèque. C’était l’endroit où tous les jeunes allaient », se souvient l’homme aujourd’hui âgé de 76 ans. 

Cette même soirée, Brigitte Duquette revenait d' »un genre de retraite à Montréal ». Pour se changer les idées, sa copine lui proposa d’aller prendre un verre. « C’est drôle, parce que jamais je ne sortais, lance-t-elle. L’activité qu’on avait faite juste avant, ç’avait été lourd et j’avais besoin de m’amuser un peu. C’est pour ça que j’avais accepté. »

« On nous a placés à la même table qu’Armand, poursuit-elle. Immédiatement, j’ai trouvé qu’il avait de beaux yeux. »

Celui qui allait devenir son futur mari a été touché par les flèches de Cupidon assez instantanément. « Après notre première rencontre, j’ai eu un fort pressentiment qu’elle allait devenir mon épouse. J’ai été frappé par sa simplicité, son authenticité et, bien évidemment, sa beauté », avoue-t-il. « S’il m’avait dit ça ce soir-là, je lui aurais dit qu’il allait trop vite en affaires », rigole Mme Duquette. 

Au fil des rencontres, les sentiments amoureux s’installèrent. Les deux tourtereaux ont uni leurs destinées en se mariant le 4 août 1973. Il y a 50 ans, les couples interraciaux n’étaient pas monnaie courante. « Tout le monde nous a toujours bien accueillis. Dans notre milieu, les gens étaient tous très chaleureux », explique Brigitte Duquette.

« Je n’ai jamais reçu de commentaires déplacés par rapport à notre union, relance son conjoint. On m’a cependant déjà traité de voleur de job à l’époque. C’est drôle parce qu’aujourd’hui, les entreprises vont chercher les immigrants pour combler des emplois. »

TROIS ANS AU CONGO

Dix jours seulement après leur mariage, le couple s’est envolé vers la République démocratique du Congo, où il y demeurera trois années. « Je suis partie là-bas, à 21 ans, avec une grande ouverture d’esprit. J’imagine que c’était la même chose pour Armand lorsqu’il est arrivé au Québec. Je voulais vivre moi aussi de nouvelles expériences. J’ai donc été infirmière dans l’unité de maternité et je me suis occupée des bébés prématurés. »

De son côté, M. Mbatika a enseigné à l’université de Kinshasa, la capitale du pays.

Durant cette période, la première de leurs trois enfants, Karen est née. « On a ensuite fait un choix d’élever nos enfants au Canada. Et moi, je voulais poursuivre mes études là-bas aussi », explique Armand.

LE SOCCER, UNE IMPLICATION DANS LE MILIEU

Si le soccer est une véritable passion pour Armand Mbatika, ce sport a également été une façon de bien s’intégrer dans son nouveau milieu. « Je faisais partie de l’équipe civile de Sherbrooke. On m’avait demandé de former des jeunes à Sherbrooke et j’ai voulu aussi le faire à Coaticook. Je me suis vite rendu compte que ce sport était inexistant. Alors, j’ai commencé, en 1977, avec un groupe de 15 garçons et deux filles de 10 et 11 ans. Je les ai formés tout l’hiver. Lors de nos premiers matchs, les gens de la grande ville nous regardaient de haut. Tiens, les fermiers sont là, disaient-ils. Finalement, on a battu tout le monde cette année-là et on a gagné les séries. La finale s’est déroulée sur le terrain de la polyvalente. C’était fou. On avait même fait un défilé pour honorer les jeunes. »

À la deuxième année de la formation, les inscriptions ont bondi à 170, puis à 210 lors de la troisième saison.

LA CLÉ DU SUCCÈS

Pour qu’un couple perdure aussi longtemps que celui d’Armand Mbatika et de Brigitte Duquette, existe-t-il une recette secrète? « La clé du succès, c’est de faire des compromis. Je ne crois pas qu’il y ait une solution miracle. Il faut être à l’écoute aussi de l’autre », explique Mme Duquette.

« J’abonde dans le même sens qu’elle, réfléchit son mari. C’est bien aussi d’avoir des projets communs qu’on puisse partager. »