Une balade en moto pour oublier la maladie

Lorsqu’on livre bataille à un cancer, la maladie peut parfois remporter le combat. Pour Jean-Guy Dupuis, le round du 10 octobre dernier a toutefois été remporté par la vie, le courage et l’amitié.

Terrassé par un leiomyo sarcome (cancer généralisé) détecté il y a à peine quelques mois, l’homme de 75 ans n’aurait jamais pensé vivre l’aventure que lui a concoctée son ami Gilles Gagné. «Comme Jean-Guy est un vrai passionné de moto, j’ai voulu l’amener faire une "ride" jusqu’à Compton. Vu son état de santé, ses sorties sont rares. Pour moi, aujourd’hui, ce n’est pas la maladie qui a gagné.»

Quelques minutes avant le départ, le principal intéressé trépignait d’impatience à l’idée de monter une fois de plus sur ce véhicule. «Je m’en vais vivre de beaux moments d’émotion», a-t-il lancé fièrement avant de grimper sur la moto, non pas sans aide de ses proches et amis.

Son épouse, Gertrude Arseneault, a eu beaucoup de difficulté à retenir ses larmes en le voyant partir du stationnement de l’un de ses restaurants préférés, le Tim Horton’s. «C’est indescriptible ce qu’il vit en ce moment, souligne-t-elle. Vous savez, c’est comme les enfants malades qui réalisent un dernier rêve. Pour Jean-Guy, c’était de faire une autre balade en moto.»

Gabrielle Dupuis salue le geste de Gilles Gagné. «C’est d’une générosité extrême ce qu’il fait pour mon père, a-t-elle mentionné. Je trouve ça beau de le voir sur une moto.»

«Mon père a le même cancer que Terry Fox, rajoute-t-elle. Habituellement, il se jette sur des tissus dans les jambes ou les bras. Mais, comme il ne fait jamais les choses comme personne, son cancer, il l’a eu dans l’estomac. Il s’est ensuite propagé au foie, aux poumons. La maladie s’est vite répandue, mais une chance qu’on a des journées comme aujourd’hui. Ça met un peu de baume sur nos blessures.»

Après une randonnée de plusieurs kilomètres sur la route 147, Jean-Guy Dupuis était bien évidemment épuisé. «C’est dur physiquement, mais ça fait du bien au moral», a-t-il noté avant de rencontrer sa famille au restaurant pour le dîner.

De bons amis

«Il n’y a pas de mot pour décrire ce qu’on vient tout juste de vivre», poursuit Gilles Gagné, quelques minutes après la balade.

L’histoire d’amitié entre les deux hommes remonte à 2005 alors que Jean-Guy Dupuis avait été à sa rencontre à la suite d’un accident de moto. Ce dernier avait d’ailleurs coûté la jambe gauche de cet homme de Saint-Herménégilde. «Il était venu me demander si je pouvais réparer sa moto, une vieille Suzuki Madura de 1985. C’était une antiquité et, malheureusement, il n’y avait plus de pièces disponibles sur le marché pour la remonter en état. Je lui ai alors fait un marché. Je lui ai dit que s’il était capable de remarcher sur ses deux pattes, j’allais réparer sa moto. Ç’a été tout un travail d’artisanat, mais j’ai réussi. Et, lui aussi, a rempli sa part du marché. Jusqu’à aujourd’hui, il a roulé plus de 95 000 kilomètres avec sa moto.»

C’est Gabrielle qui a fait la demande à M. Gagné pour la sortie du 10 octobre. «C’est une belle marque de confiance qu’on m’a faite», résume cet autre passionné des sports motorisés.

Pour l’un de ses derniers voyages, Jean-Guy Dupuis a porté sa fameuse veste rouge et orangée. «Quand je la voyais à quelque part sur sa moto, je savais qu’il n’était pas loin. Ça va demeurer l’un des plus beaux souvenirs de mon père», conclut Mme Dupuis.