Un projet qui fait difficilement l’unanimité chez Forêt Hereford

ÉLECTRICITÉ. Forêt Hereford trouve difficile de donner son aval au projet d’Interconnexion Québec – New Hampshire, cette ligne hydroélectrique qui devrait traverser son territoire lorsqu’elle sera construite. «Si on laisse Hydro-Québec faire ce projet comme elle l’entend, on ne respecte plus les volontés de M. Tillotson, qui nous a légué la forêt», indique le directeur Dany Senay.

L’organisme a déposé son mémoire lors de la première séance du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement, mercredi soir. Aux dires du directeur de Forêt Hereford, Dany Senay, la situation est pour le moins complexe. «Comme citoyen, comme société, il est difficile de s’opposer à un projet d’exportation d’une énergie verte vers les États-Unis. Toutefois, si le projet demeure tel qu’il est présenté, on ne pourra plus respecter nos obligations de conservation forestière», plaide-t-il.

En effet, la servitude forestière léguée par Neil Tillotson demande à ce que l’environnement naturel soit préservé. «Il faut aussi que les gens aient toujours accès à ce territoire», note M. Senay.

«Aussi, comme organisme communautaire, on ne peut pas non plus demander à ce qu’on tasse la ligne et que les problèmes se retrouvent dans la cour de nos voisins. Cette approche ne respecterait pas notre mission communautaire», rajoute-t-il.

Forêt Hereford souhaite donc que son message soit entendu. «Collectivement, il faut envisager toutes les options possibles, que ce soit l’enfouissement des fils ou une approche différente par la voie aérienne. Il faut regarder toutes les opportunités qui s’offrent à nous.»

Un regroupement se lève contre le projet

Cinq organismes ont également lancé un cri du cœur commun afin de dénoncer le projet dans sa forme actuelle. «Pour Hydro-Québec, il semble que les paysages protégés du New Hampshire valent plus cher que ceux du Québec. Alors que du côté américain, on enfouira la ligne électrique sur 100 kilomètres pour des enjeux de conservation, au Québec, on veut traverser et fragmenter des milieux naturels protégés avec une ligne aérienne de large amplitude. C’est inacceptable», décrient Corridor appalachien, le Conseil régional de l’environnement de l’Estrie, Nature Québec, le Réseau de milieux naturels protégés et Deux pays, une forêt.

À leurs dires, le tracé proposé «crée un tort terrible à l’ensemble des actions de conservation qui se déploient en terres privés dans le sud du Québec».

Rappelons que le projet retenu touche la MRC de Coaticook, en traversant les municipalités de Martinville, Sainte-Edwidge-de-Clifton, Saint-Malo, Saint-Venant-de-Paquette, East Hereford et Saint-Herménégilde.

Le projet vise à accroître la capacité d’échange entre le Québec et la Nouvelle-Angleterre par la construction d’une nouvelle interconnexion qui permettra de relier les réseaux électriques du Québec et du New Hampshire. Sa mise en service est prévue pour 2019.