Un bête accident lui coûte la perte de son œil

COATICOOK. Malgré un bête accident en tondant sa pelouse qui lui a coûté son œil gauche, Ghislaine Audet refuse de baisser les bras. « Je garde le moral et le sourire », dit-elle d’un ton fort sympathique.

La date du 20 mai 2022 restera à jamais gravée dans la mémoire de la Coaticookoise. Quelques semaines auparavant, des travaux ont eu lieu sur la rue Thibault. Ceux-ci ont nécessité le remplacement de tuyaux en fonte, lesquels avaient auparavant été déposés sur la terrasse de Mme Audet. « J’avais tout de même nettoyé le terrain une fois que tout avait été complété. Il est malheureusement resté quelques petits morceaux. »

Et c’est exactement l’un de ces morceaux de fonte qui est à l’origine du malheureux accident. « Je tondais tranquillement ma pelouse quand, tout à coup, j’ai senti quelque chose me pincer dans l’œil. Ça m’a réellement surpris. Jamais je n’aurais pensé qu’un projectile m’aurait atteint au visage. Tu vois, la tondeuse, il y a une sorte d’évacuation sur le côté avec une palette de caoutchouc. C’est censé s’en aller sur le côté. Alors, ce que je pense, c’est que le morceau de fonte a fait un ricochet sur mon mur et ça m’a atteint directement à l’œil », décrit-elle.

À l’impact, la quinquagénaire s’est assise un moment. Sa voisine, qui est infirmière, est venue lui prêter main-forte. « Ç’a pincé, mais je n’ai pas eu de douleur immédiatement. J’avais l’impression qu’il y avait des gouttes, comme des grosses bulles noires. Il n’y avait rien qui coulait. C’était simplement ce que je voyais. Après, ma vision est devenue toute sombre, comme s’il y avait de la cendre dans l’air. »

Croyant que ça allait passer, elle a décidé d’attendre jusqu’en soirée pour se rendre à l’hôpital de Coaticook. « Le médecin m’a dit que ma cornée était fendue. On m’a donné un tube de crème à appliquer tout au long du week-end. Il fallait que je revienne le dimanche pour faire un suivi. Or, le lendemain, ça n’allait pas du tout. Mon œil était tout collé et enflé. Et ç’a commencé à faire très mal. »

Avec l’aggravation de son état, son conjoint l’amène à l’Hôtel-Dieu, du côté de Sherbrooke. Il se passera une dizaine d’heures avant qu’on ne s’attarde à son cas. « Oui, on m’a fait attendre assez longtemps, mais je n’en veux à personne. Tout de suite après un deuxième triage, j’ai été amenée sur la table d’opération et on a recousu ma cornée. Je suis demeurée trois jours à l’hôpital. »

De retour à la maison, la douleur ne veut pas s’en aller. « J’ai consulté à de nombreuses reprises en ophtalmologie. On m’a dit qu’on pouvait réchapper mon œil, qu’il y avait une possibilité de greffer une cornée. Je nageais dans l’espoir. Mais, après un mois et demi, l’œil est devenu presque tout blanc. C’est là que j’ai accepté ce qui allait se passer. Il fallait que j’embrasse mon destin. »

Le 8 août dernier, on lui retire son œil, pour ensuite lui coudre la paupière, afin d’éviter une infection. Le 11 octobre, on lui pose une prothèse, qui peut même déjouer les regards les plus attentifs. « Depuis quelques semaines, tout va bien et j’en suis tellement heureuse. »

L’adaptation a cependant été périlleuse au cours des derniers mois. « Si tu veux savoir comment je me sentais, pose ta main sur l’un de tes yeux. On perd une certaine profondeur et c’est à ça que je dois m’habituer. »

Au volant, elle ne fait que de courtes distances pour le moment. Et en matière de tricot, l’une de ses activités préférées, elle le fait à son rythme. « Avant, je pouvais faire une pantoufle par soir. Là, c’est pas mal moins rapide », rigole-t-elle. 

Les enfants issus du centre jeunesse qu’elle héberge depuis quelque temps l’aident aussi à passer à travers la difficile épreuve. « Ils représentent une grande source de bonheur pour moi, dit-elle. Je suis vraiment heureuse de faire une petite différence dans leur vie. »

Elle entrevoit l’avenir de façon positive. « C’est comme ça qu’il faut le prendre. Il y en a qui auraient peut-être baissé les bras, mais c’est contraire à qui je suis dans la vie. Je suis une personne positive et je désire le rester, même face à l’adversité », philosophe-t-elle.