Stress post-traumatique: une doberman aide un ex-militaire de Compton à s’en sortir

COMPTON.  On dit souvent que le chien est le meilleur ami de l’homme. La maxime ne pourrait être plus vraie que dans le cas de Martin Crépeault et de sa doberman Léonne. «C’est vraiment elle qui me ramène sur terre», raconte l’ancien combattant aux prises avec des troubles de stress post-traumatique liés à ses multiples missions en zones de guerre.

Au-delà du lien d’amitié entre l’homme et son animal, Léonne est en fait un animal d’accompagnement, un «Service Dog» tel qu’il est indiqué sur son harnais. «J’ai toujours aimé les chiens, avance d’entrée de jeu M. Crépeault. Ç’avait toujours été un rêve pour moi d’avoir un doberman. Je trouve ces chiens racés et intelligents. Au départ, lorsque Léonne est entrée dans ma vie, c’était d’abord pour m’aider étant donné mon handicap à la jambe. Ç’allait me forcer à aller marcher, à sortir à l’extérieur et à faire de l’exercice.»

À la suite d’une rencontre avec d’anciens combattants et en parlant de ses angoisses, l’un de ses amis lui a suggéré de consulter. «C’est un peu comme l’alcoolisme, image-t-il. Une personne aux prises avec cette maladie sera la dernière à l’apprendre. C’est la même chose avec les troubles de stress post-traumatique.»

«Par la suite, je suis entré en contact avec une psychologue, qui, elle m’a diagnostiqué, poursuit celui qui a fait des missions en Afghanistan, à Haïti, en Allemagne, au Koweït ainsi qu’en Yougoslavie. Cela m’a permis de faire former ma chienne pour qu’elle puisse devenir une  »Service Dog ».»

Un entraînement de six semaines

Au premier regard, Jimmy Duranleau a trouvé Léonne superbe. Celui qui la formera pendant six semaines a été charmé par la docilité de cette chienne. «On a d’abord évalué son taux d’agressivité et de méfiance. On est ensuite allé en ville pour voir comment elle se comportait avec du trafic et dans un environnement où il y avait beaucoup de gens.»

«Sa concentration a toujours été excellente. Il faut dire que Martin avait fait du bon travail avec elle. On lui a aussi appris à être plus attentive lorsqu’elle avait son harnais. C’est comme si elle travaillait lorsqu’elle a ça sur le dos», explique l’expert canin, qui évolue dans ce domaine depuis plus d’une vingtaine d’années.

«Un grand changement dans ma vie»

@R:Depuis l’entraînement de Léonne, Martin Crépeault voit un grand changement dans sa vie. «Léonne, c’est une petite psychologue sur quatre pattes. Je lui parle comme je le ferais à un être humain. En retour, elle ressent mon anxiété et ma nervosité. Si elle voit que je suis en crise ou que je fais un cauchemar la nuit, elle va s’en rendre compte et elle va venir me réveiller. Elle me donne un coup de museau ou me lèche, puis me regarde pour me dire que tout va bien aller. Je peux alors me rendormir calmement.»

M. Crépeault est l’un des premiers ex-militaires au Québec à avoir un doberman comme chien d’assistance. Le phénomène, peu importe la race, est relativement nouveau au Canada et peut susciter une certaine curiosité de la part des passants. «J’avoue que ça peut devenir tannant de toujours se faire arrêter et se faire poser les mêmes questions, mais j’ai un devoir d’informer et d’éduquer la population, fait-il savoir. À mon humble avis, si tous les soldats qui souffrent comme j’ai souffert avaient une chienne comme Léonne, le taux de suicide baisserait drastiquement.»

Un rêve sur la Route 66

Léonne suit partout l’ancien militaire et son excursion sur la mythique Route 66 n’y fera pas exception. «J’en ai arraché beaucoup ces derniers temps, avoue celui dont les deux conjointes sont décédées en 2010 et en mai dernier. J’ai été un aidant naturel et j’ai aidé mes deux femmes en fin de vie. Maintenant, je pense un peu à moi. Ce voyage, qui est en fait le rêve de ma première femme caressait, je le vois comme un pèlerinage. Comme je n’ai pas la santé pour faire Compostelle, je vais faire la route de Santa Monica jusqu’à Chicago. Et, bien évidemment, Léonne me suivra.»