Récupérations des masques jetables: une solution à quelques kilomètres de Coaticook

ENVIRONNEMENT. Que peut-on faire de tous ces masques jetables? La réponse aux craintes de la recycologue Monique Clément pourrait se retrouver à quelques kilomètres de Coaticook.

Éric Éthier croit avoir la solution. À la tête de l’entreprise MedSup, dont les installations sont situées à Magog, l’homme d’affaires a mis au point une technique qui permet la récupération de masques jetables. «Je viens du monde de l’événementiel, lance-t-il a priori. Dans ce domaine, t’apprends à être débrouillard et à répondre aux urgences. Quand tu vends et que tu produits une dizaine de millions de masques [MedSup dessert tous les entrepôts Costco au pays], tu dois avoir une solution pour les récupérer. Et c’est ce que nous avançons.»

Les partenaires ont d’abord regardé ce qui se faisait par d’autres compagnies. «On a découvert que la valorisation énergétique avait le dos large. La plupart des solutions des différentes entreprises qui offrent la récupération de masques, c’est l’incinération de ces items. À notre avis, ce n’est pas une solution très verte.»

M. Éthier s’est donc associé avec des industries du domaine du plastique de la région de Memphrémagog pour arriver avec un prototype. Les plans finaux ont d’ailleurs été approuvés au cours des derniers jours. «Inventer un tel procédé en temps de pandémie, c’est un méga challenge, insiste-t-il. Oui, notre machine tient encore à la colle chaude, rigole-t-il, mais ça fonctionne.»

Lorsque MedSup vend ses masques à n’importe quelle institution, un traçage est effectué. «De cette façon, on sait d’où les items proviennent lorsqu’ils nous sont renvoyés. Ils sont ensuite mis en quarantaine. On les décontamine avec notre machine, puis, il y a un tri. Par une séparation mécanique, on enlève les élastiques, les barrettes nasales et la partie filtrante des masques.»

Éric Éthier n’a pas cependant la prétention de récupérer 100 % des masques qu’il reçoit. «Il y a certains enjeux qu’on ne peut pas contrôler. Par exemple, certains masques, dont ceux offerts par le gouvernement aux écoles, sont fabriqués avec un amalgame de plastiques inconnus. On a essayé d’envoyer ça au laboratoire pour connaître sa composition, mais sans succès. On ne peut donc pas les recycler. Mais bon, ce qu’on réussit à recycler, c’est toujours ça de moins d’envoyé dans les sites d’enfouissement ou encore dans les incinérateurs.»

La matière qui sort à la fin de ce processus peut être revendue par la suite. Toutefois, ce n’est pas avec ça que MedSup fera des millions. «Pour le moment, la différence de prix entre le plastique neuf et recyclé n’est pas très grande. Je rêve du jour où on pourra dire que cette chaise a été fabriquée à l’aide de masques recyclés.»

L’entreprise travaille présentement à retenir l’attention du gouvernement pour mettre les bases d’un programme national de récupération de masques. Seul le ministère de l’Économie leur a répondu en disant que l’entreprise «avait un bon plan d’affaires».