«Que le cancer crève», scandent Solange Masson et Simon Lebel

TÉMOIGNAGE. Désirer la mort de quelqu’un, ça ne se fait tout simplement pas. Mais lorsque ce souhait est plutôt dirigé vers une terrible maladie, on ne peut qu’acquiescer. Et c’est ce que Simon Lebel et sa conjointe Solange Masson, atteinte d’un lymphome non hodgkinien aux poumons, disent haut et fort: «Que le cancer crève!».

Ce slogan, imaginé par l’esprit créatif de l’auteur David Goudreault, est issu du mouvement de sympathie entourant la famille Lebel-Masson. «Cette initiative vient de l’une de mes bonnes amies, Catherine [Côté], mentionne l’ex-conseillère municipale comptonoise. Quand elle a su que j’étais atteinte d’un cancer, elle a voulu faire de quoi pour me venir en aide. Elle m’a dit: "c’est difficile ce que tu vis. Et moi, je ne veux pas que tu te prives parce qu’il faut que tu fasses des choix difficiles ces temps-ci. Si t’as le goût de manger des sushis tous les jours ou bien si t’as le goût de te faire masser, tu pourras réaliser ces souhaits."»

Ainsi, une marche à l’université, un t-shirt au slogan punché et une soirée-bénéfice, qui a eu lieu samedi, ont tous été lancés pour réconforter celle qui se bat contre la terrible maladie. «Cet élan de générosité, c’est intense. J’en suis super reconnaissante. Et je suis très heureuse d’être bien entourée alors que je traverse cette épreuve», dit-elle.

«C’est une vraie vague d’amour qui déferle sur nous, rajoute son conjoint, Simon Lebel. Il y a même des gens qui viennent nous porter des glacières remplies de repas. On sait tous cuisiner, mais disons que ça enlève un gros poids quand on n’a pas à se poser la question chaque jour sur ce qu’on doit préparer pour le souper.»

Le cancer a frappé en septembre

Solange Masson a appris la mauvaise nouvelle en septembre dernier. «J’étais allée à l’urgence, car j’avais de grosses douleurs dans les côtes. Je pensais qu’elles étaient simplement déplacées, mais quand on m’a appris que j’avais une masse qui faisait pression sur l’un de mes poumons, on dirait que tout s’est écroulé autour de moi.»

Elle a rapidement débuté ses traitements de chimiothérapie. «La première fois, ç’a vraiment mal été. J’ai été malade et je suis restée sept jours en boule dans mon lit. J’avais de la misère à m’ouvrir les yeux. Même parler, c’était pénible», se souvient-elle.

Mais, le plus difficile dans cette épreuve a certainement été le fait d’avoir à annoncer la nouvelle à ses enfants ainsi qu’à ceux de son conjoint, tous âgés entre 5 et 12 ans. «Les enfants ont eu peur au début et ils avaient beaucoup d’inquiétudes», relate celui qui est également enseignant à l’école secondaire La Frontalière.

«Je pense qu’ils comprennent, même les plus jeunes. C’est rendu que ma plus jeune, quand elle me dessine, elle le fait avec une grosse boule près du torse, des poumons», explique Solange, un petit sourire accroché au visage, en montrant fièrement les esquisses de sa petite fille.

Avant que le cancer ne crève, peut-on en rire?  

Bien loin de s’apitoyer sur le sort réservé à sa famille, Simon Lebel affirme s’accorder du temps pour rire et même avoir du plaisir. «Je ne suis pas le genre de gars qui se laisse abattre facilement ou qui aime faire pitié», avance-t-il.

Celui qui a signé «Vous n’êtes pas fou, ce sont les autres qui ne vous comprennent pas» sous le couvert de l’anonymat, croit même pouvoir tirer un bouquin de toute cette expérience. «Ça se pourrait fort bien», rigole-t-il en y pensant.

«C’est fou tout ce qu’on pourrait raconter. Hier, Solange est allée voir un spectacle avec son amie. Il y a quelqu’un qui lui a fait de l’œil. Je lui ai dit, pourquoi n’as-tu pas joué avec ta perruque pour le déstabiliser un peu», lance-t-il.

L’ex-universitaire, qui est maintenant au repos forcé pour encore quelques mois, a effectivement perdu sa chevelure bien fournie. «Il faut en rire, songe-t-elle. Ma fille m’a même dit qu’elle aimerait bien me voir me marier comme ça.» Ça ferait deux beaux cocos!

Les chances de guérison de ce cancer sont évaluées à 95 %. «C’est sûr que je m’en sors, pèse-t-elle. La seule chose que je trouve difficile, c’est le temps.» Mais, comme on dit, le temps arrange toujours les choses.