Patrick Brodeur réclame plus de respect à l’égard d’une famille endeuillée

COATICOOK. En tant que pilote et père de trois filles qui ont toutes fait de la motoneige dès leur plus jeune âge, Patrick Brodeur s’insurge de certains commentaires désobligeants qu’il a pu entendre concernant le tragique décès du petit garçon de 10 ans, survenu à Dixville, le 31 janvier dernier.

«Les gens ne pensent pas avant d’écrire sur les réseaux sociaux. Ils ne réfléchissent pas non plus aux conséquences que ça peut avoir. Ils voient ça à leur façon et ne se mettent jamais dans la peau des autres. Tout ça, malheureusement, ça n’amène absolument rien au débat», insiste d’entrée de jeu celui qui dit bien connaître la famille endeuillée.

Pilote et entraîneur, M. Brodeur n’a pas hésité une seconde à enseigner les rudiments de la conduite en motoneige à ses trois enfants, et ce, même en bas âge. «En tant que père, je n’ai jamais eu peur, confie-t-il. Quand on parle de compétition, j’étais toujours avec elles, car c’était un peu plus compliqué. Il y a des obstacles à franchir, des sauts à réaliser. J’étais là pour corriger leurs techniques et m’assurer qu’il n’arrive rien. Quand c’était simplement pour le plaisir, je leur donnais un peu plus de libertés.»

Autre chose à prendre en considération dans ce débat: la région où s’est déroulé l’accident. «N’oublions pas que nous vivons dans un milieu rural, où nos jeunes apprennent à conduire ces véhicules. Pour plusieurs, c’est leurs loisirs. Ce qui est arrivé, c’est un accident, un triste accident. Pour ma part, on n’a rien à dire contre les parents. Imaginez si un enfant prenait son vélo pour aller à la piscine municipale et qu’il avait un accident. Est-ce qu’on jetterait le blâme sur ses parents parce qu’ils l’ont laissé partir seul pour aller se baigner?», songe-t-il.

«Tomber dans un fossé, ça m’est arrivé»

Étant jeune, Patrick Brodeur se rappelle de ses sorties à motoneige alors que son père était propriétaire du motel La Source, à l’entrée de Coaticook. «On avait un vieux skidoo en arrière du garage et je partais même pas de casque sur la tête pour faire des randonnées. Si je n’ai pas fait 5000 tours autour du motel, je n’en ai pas fait un. Je « ridais » jusqu’à temps de manquer de gaz.»

Il se rappelle bien d’être tombé dans un fossé, lui aussi. «En hiver, ces espaces sont remplis de neige et on ne les voit pas. Ça peut malheureusement arriver à n’importe qui, même les plus expérimentés», rappelle-t-il.

Quant aux gens qui estiment qu’il faudrait un âge minimum pour conduire une motoneige [Québec a d’ailleurs déposé un projet de loi, l’automne dernier et qui a été adopté en décembre 2020, en ce sens, où l’âge minimum est de 16 ans], Patrick Brodeur est très sceptique, voire même opposé à un règlement du genre. «L’expérience, ça s’acquiert. Et ça s’acquiert lorsqu’on est jeune. Si je n’avais pas montré ça à Megan [sa fille], elle n’aurait probablement pas été championne du monde à un si jeune âge.»