Mouvement de solidarité à la frontière

Quelque 200 Américains et Québécois se sont symboliquement donné la main à la frontière de Beecher Falls, au Vermont, le 7 mai dernier, pour s’opposer à la future ligne de 300 kV d’Hydro-Québec et de Northern Pass, qui devrait traverser la frontière quelque part à East Hereford.

La grande majorité provenait du pays de l’Oncle Sam. Ces derniers, forts d’une grande victoire il y a 30 ans, espèrent récidiver en freinant ce projet. Ce dernier consiste à relier le Québec aux Etats-Unis pour alimenter la région de Boston, mais la résistance s’organise et s’intensifie du côté américain.

Au Québec, une trentaine de personnes s’étaient déplacées pour notamment appuyer Marc Belouin et Hélène Pariseau. Ce couple risque de voir s’ériger quelques pylônes d’une centaine de pieds sur leur vaste terre de 250 acres si Hydro-Québec opte pour cette option.

Leur réplique est claire, nette et précise. Non, ils n’en veulent pas et comptent poursuivre manifestations et opposition, de concert avec leurs voisins américains. Ils souhaitent hausser le mouvement de solidarité du côté québécois, et ce, incluant la population en général, mais aussi en provenance des élus et de l’UPA. «Les Municipalités sont sans défense devant Hydro-Québec», déplore M. Belouin, qui est né sur cette terre familiale.

Hébergeant déjà un corridor de Gazoduc TQM sur leur terre, Marc Belouin et Hélène Pariseau refusent carrément de laisser passer Hydro-Québec. «C’est notre vie et on n’a pas l’intention de laisser des pylônes électriques en héritage à nos filles qui prendront notre relève», insiste Mme Pariseau.

Outre un paysage défiguré, ce couple craint une importante dévaluation de sa propriété si Hydro-Québec choisit cette propriété de la route 253 pour joindre les États-Unis.

De plus, M. Belouin s’inquiète de la santé de son troupeau de 175 vaches laitières, veaux et taures, si ces animaux viennent à vivre avec une ligne électrique au-dessus de leur tête. «De ce nombre, j’ai 75 vaches laitières Holstein pur sang. Je crains qu’elles deviennent plus nerveuses et davantage sujettes à la maladie, ce qui réduirait la quantité et la qualité du lait. Au bout du compte, la production chuterait, mes dépenses grimperaient et mes revenus diminueraient», déplore-t-il.

Hydro-Québec songe sérieusement à emprunter l’emprise actuelle de la ligne à 450 kV des Cantons-Nouvelle-Angleterre, qui débute au poste de Windsor, et qui traverse la MRC de Coaticook jusqu’au Vermont, pour installer le prochain tracé.

La future ligne à 300 kV bifurquera toutefois sur le territoire de Saint-Herménégilde sur une quinzaine de km vers la frontière. La longueur de cette future ligne varie selon le corridor et le point de passage choisis. Trois sont dans la mire d’Hydro-Québec.

Des consultations publiques auront lieu pour aider Hydro-Québec à choisir son tracé.