Maurice Boire fêtera son 100e anniversaire… grâce à la musique

COATICOOK. À l’aube de ses 100 ans, Maurice Boire file le parfait bonheur. Bien qu’il n’ait aucune idée du secret de sa longévité et de sa bonne santé, son amour pour la musique pourrait se révéler la clé de son bien-être. 

Assis dans son fauteuil préféré [c’est le plus confortable, paraît-il], l’homme bientôt centenaire a bien voulu dévoiler un pan de son histoire. « Je suis né le 5 décembre 1922, à Saint-Malo, précise-t-il. J’ai été élevé sur la ferme familiale, sur le 5e rang, et je suis le quatrième d’une famille de dix enfants. »

Avec son ton bon enfant, on croirait entendre quelqu’un lire une histoire, mais pourtant, celle-ci est bel et bien vraie. En fait, c’est son récit. « Mon enfance a été assez simple. J’ai travaillé sur la terre l’été et dans le bois l’hiver. Le bâtiment existe encore aujourd’hui, mais il n’y a plus d’activité agricole », raconte ce père de cinq enfants ainsi que grand-père et arrière-grand-père à de multiples reprises.

Il a quitté Saint-Malo il n’y pas si longtemps, en 1991, pour être précis. « J’avais entendu de belles choses sur Coaticook. J’y ai suivi une personne que je connaissais. J’ai eu le goût d’un changement, de me rapprocher de la ville, si on veut. »

C’est donc à Coaticook qu’il trouvera fort probablement sa dernière demeure. Même à son âge vénérable, il y reste encore, seul, avec l’aide de ses enfants qui viennent lui rendre visite et d’une préposée qui s’assure de son bon état de santé. 

Avant de prendre une retraite bien méritée, il a donné un peu de son temps à un centre funéraire de la région, où il s’occupait de bien préparer les sites au cimetière.

LA MUSIQUE, UN ÉLÉMENT IMPORTANT

Du plus loin qu’il se souvienne, la musique a toujours occupé une place importante dans sa vie. « Quand on allait dans le bois, mes frères jouaient de la musique à bouche et moi, j’avais mon violon. C’est quelque chose qui va rester à jamais gravé dans ma mémoire. »

« Mon père, c’est un homme humble, il ne se vantera jamais, mais c’est tout un joueur de violon », rigole sa fille Lucienne.

Son fils Dorian lui se souvient aussi de ces veillées musicales. « Mon père m’a toujours traîné avec lui, que ce soit au travail ou encore dans le bois. On avait beaucoup de plaisir à l’entendre », souligne l’aîné.

D’ailleurs, il n’y a pas si longtemps, il allait même jouer pour un certain public. « On était supposé se rencontrer au restaurant pour jaser, explique son bon ami, Ben Marcoux. Il n’arrivait pas, alors j’étais un peu inquiet. Lorsqu’il s’est enfin pointé, je lui ai demandé où il était. Sa réponse: il était allé jouer du violon pour les personnes âgées, dans une résidence. »

« C’était drôle, parce que j’étais pas mal plus vieux qu’eux autres », rigole M. Boire.

VOIR L’AVENIR UN JOUR À LA FOIS

Se transposer dans l’avenir, c’est peut-être le faire dans un monde un peu plus rapproché lorsqu’on atteint un certain âge, croit Maurice Boire. « Je vais prendre ça un jour à la fois », philosophe-t-il.

« Ç’a été ma façon de penser au cours des deux dernières années, avec la Covid. Je l’ai attrapée. Ça n’a pas été facile, mais je l’ai combattue. Je ne sais pas si je suis plus fort aujourd’hui, mais c’est une autre histoire que je peux conter. »

Si le futur centenaire ne sait pas encore combien de temps il lui reste au compteur, une chose est certaine, il veut en profiter au maximum. « Vous savez, je viens tout juste de faire changer mon ‘pacemaker’. Et la batterie est bonne pour encore dix ans. J’espère bien me rendre jusque là aussi », lance-t-il avec le sourire.