Marchands de bonheur: Jean-Louis Zulauff voit son autisme comme un superpouvoir

COMPTON. Superman peut voler. Le Flash court à une vitesse hallucinante. À l’image de ces superhéros, Jean-Louis Zulauff confirme qu’il a lui aussi un superpouvoir, celui de rendre les gens heureux.

Atteint d’autisme, le jeune homme de 29 ans ne s’est jamais laissé abattre par la maladie. « Ça ne m’a jamais empêché de rien faire, lance-t-il d’un ton convaincu. Jusqu’à mon enfance, je pensais être comme tout le monde. Quand j’ai appris plus précisément ma condition, j’aurais pu voir ça comme un mauvais sort ou encore une maladie dont je voulais me débarrasser. En parlant avec des gens, j’ai plutôt compris que ça me rendait unique. Je l’ai donc vu comme un superpouvoir, celui de transmettre mon bonheur à d’autres gens. C’est ma quête. »

C’est en tant qu’employé du BMR de Compton qu’il remplit sa mission presque quotidiennement. « J’y rencontre des gens que je vois depuis mon enfance. Et ils sont maintenant à la retraite », rigole-t-il. Là-bas, il s’occupe de remplir les rayons, de faire les changements de prix et d’enlever les étiquettes qui ne sont plus bonnes. « J’adore mon boulot », dit-il avec la bonne humeur qu’on lui connaît.

Celui qu’on surnomme Luigi à cause de sa moustache qui ressemble à celle du populaire plombier dans Mario Bros. aime justement se reposer à son appartement des Habitations Hestia en jouant à ces mêmes jeux vidéo. « J’ai tous ces jeux avec Luigi, mais, mon préféré, et de loin, est le jeu de combat Super Smash Bros Ultimate, sur la Switch », décrit-il.

Le jeune homme aimerait également travailler à la bibliothèque de Coaticook. « Ce serait plus près de chez moi. Et je ne veux pas demander à mes parents de me porter trop souvent à mon travail. Ça fait quand même beaucoup de route et un certain gaspillage d’essence. »

UN SAC À BLAGUES

Certains ont pu aussi croiser Jean-Louis alors qu’il évoluait à titre de bénévole au Pavillon des arts et de la culture. « J’étais préposé au vestiaire, jusqu’à ce qu’on annonce des travaux à la salle de spectacle. J’adorais rencontrer les gens et aussi les humoristes. J’ai fait la connaissance de Philippe Laprise et de Pierre Hébert. Lorsqu’il [Pierre Hébert] est revenu à La Frontalière, j’ai pu l’introduire à mes camarades de classe. J’ai aussi été son bruiteur sur scène et il m’a dit que j’étais le meilleur », raconte-t-il fièrement. 

À l’image de ses idoles humoristes, il aimerait lui aussi, un jour, monter sur les planches du Pavillon des arts et y présenter son propre spectacle. « Je connais des tonnes de blagues. Par exemple, comment appelle-t-on un cerf qui sait voler? Un cerf volant. Ou encore quel est le sport le plus silencieux? Le para…chute! »

« J’aimerais être humoriste, enchaîne-t-il. L’humour, ça rend les gens heureux, ça les fait rire et, surtout, ça les fait oublier des moments un peu plus difficiles. Je crois qu’il vaut mieux avoir le bonheur dans sa vie plutôt que la tristesse et la rancœur », philosophe-t-il.