L’incubateur prépare la relève en agriculture
AGRICULTURE.L’incubateur d’entreprises maraîchères du Centre d’initiatives en agriculture de la région de Coaticook (CIARC) jouit d’une popularité ces temps-ci. Alors qu’aucun intéressé ne s’était pointé l’an dernier, la cohorte 2014 compte plus de cinq membres, tous avec le même objectif en tête, celui de voler de ses propres ailes une fois leur passage complété dans la Vallée.
Issue du milieu touristique, Nancy Vézina s’est lancée dans le domaine de l’agriculture après quelques années passées au Bas-Saint-Laurent. «C’est une deuxième carrière, lance la propriétaire du jardin de La Pleine lune, Nancy Vézina. En faisant un cours sur l’environnement, j’ai découvert l’agriculture biologique. Disons que je trouvais ça un peu effrayant tous les produits chimiques qu’on injectait dans certains aliments. Grâce à mes recherches, j’ai découvert l’incubateur, ce qui m’a permis de lancer ma propre entreprise.»
Propriétaire du jardin du Quartier, Serge Proulx est cuisinier de formation. Il a toujours rêvé de posséder son propre restaurant et d’y servir des plats préparés avec les aliments qu’il faisait lui-même pousser. «Je fais partie de l’incubateur, car j’en ai entendu parler à la radio. Nous sommes ensuite venus visiter l’endroit et la rencontre a été fructueuse et intéressante, à un point tel que nous nous sommes inscrits.»
Les avantages à faire partie de la cohorte de l’incubateur d’entreprises maraîchères sont nombreux. D’abord, la participation permet de minimiser les investissements. «On peut ainsi faire nos expériences sans que ça nous coûte trop cher. Et on a aussi droit à l’erreur», rigole M. Proulx.
«On nous offre un espace de serre, un autre dans une chambre froide. On a également accès à de la machinerie à forfait, le tout sur une période de trois à cinq ans. Il faut aussi mentionner que nous avons droit à des services, comme ceux d’un agronome, qu’on ne pourrait probablement pas se permettre. Tout ça, ça nous permet de se bâtir une clientèle, de se faire connaître et de regarder les terres aux alentours», rajoute Stéphanie Leclerc, du jardin La Joualvert. Cette dernière a d’ailleurs entendu parler de l’incubateur, alors que son conjoint, Andrès Rousseau, terminait sa formation en production horticole, au CRIFA.
Un avenir vert
Qu’en est-il de l’avenir? Ces agriculteurs décideront-ils de quitter la région avec leur savoir ou d’y demeurer? «De notre côté, c’est certain qu’on veut faire vivre notre famille de l’agriculture biologique, souligne Mme Leclerc. On a basé notre modèle d’entreprise sur l’agriculture soutenue par la communauté, alors nous sommes à la recherche de partenaires. On veut créer des liens privilégiés, qu’ils sentent qu’ils fassent partie du projet. Une fois recrutés, c’est certain que nous n’allons pas les abandonner. On veut définitivement rester dans la région de Coaticook.»
Même constat chez son collègue du jardin du Quartier. «Les gens sont particulièrement dynamiques ici. On aimerait bien y participer.»
En plus de faire pousser ses propres légumes, Nancy Vézina aimerait ajouter un volet touristique à son entreprise. «C’est un milieu que je connais bien et j’aimerais ajouter à l’offre agrotouristique de la Vallée. De plus, j’ai dit à mes enfants qu’ils n’allaient plus changer d’école», mentionne-t-elle avec le sourire.
L’agente de développement agricole et agroalimentaire du Centre local de développement de la MRC de Coaticook, Sylvie Lavoie, passe beaucoup de temps avec les recrues de l’incubateur. «Les gens croient que notre projet, ça se résume à une location de terre. Mais, c’est bien plus que ça. C’est une belle gang. Ils travaillent beaucoup en équipe. Ils s’investissent tellement. C’est vraiment beau de les voir aller», dit-elle fièrement.