L’homme le plus actif de Dixville… et il a 89 ans!

DIXVILLE. Lawrence Desbiens a une passion pour l’ébénisterie. Le bois qu’il travaille provient de ses terres à Dixville, qu’il entretient sur une base régulière. Il vit seul et adore cuisiner. Ce portrait peut à la base sembler banal, mais lorsqu’on apprend que l’homme en question a 89 ans, son quotidien devient extraordinaire.

Rencontré sur la galerie de sa résidence plus que centenaire, le futur nonagénaire est vite à pointer qu’il est celui qui a construit le banc sur lequel il allait prendre place pour cette entrevue. « Je l’ai fait dans mon salon, de mes propres mains », lance-t-il fièrement, un sourire accroché au visage, qui lui donne quelques rides supplémentaires.  

Son « salon » est en fait le grand garage de la propriété, que le Dixvillois a transformé en atelier au fil du temps. « Ici, je me sens bien. J’ai créé plusieurs meubles, comme des petites balançoires. Même celui où je mets tous mes petits électroménagers, c’est moi qui l’ai fait. Ça passe mon temps », explique-t-il.

Pour la petite histoire, l’homme est né Laurence Desbiens. Les 18 années qu’il a passées aux États-Unis ont fait en sorte qu’il a été rebaptisé « Lawrence », un nom qu’il a conservé même après son retour dans son village natal de Dixville. « J’étais allé aider un de mes cousins, à Colebrook [une petite municipalité au New Hampshire]. Là-bas, je faisais toutes sortes de choses. J’étais plombier, ouvrier et j’installais des appareils de marque Frigidaire », se souvient-il.

À son retour en sol québécois il y a de cela 45 ans, il a repris la ferme familiale. « Tu retournes toujours où tu es né », lance M. Desbiens, qui ne cache pas son amour pour la petite communauté.

Contrairement à bien des personnes de son âge, les deux dernières années de pandémie n’ont pas été trop difficiles à vivre. « Pour être franc, je ne m’en suis même pas aperçu. Je n’ai pratiquement rien changé de mes habitudes. Je me suis occupé sur ma terre et j’ai cuisiné. »

Mais quel est donc le secret pour connaître une vie si active à un âge si avancé? « Le travail, répond-il simplement. Il faut s’occuper à faire de quoi. Si tu ne travailles pas, tu deviens bon à rien. Et ce n’est pas ce que je veux devenir. » 

DES ÉLOGES BIEN MÉRITÉS

À l’aube de la Journée mondiale de la lutte contre la maltraitance envers les personnes aînées (15 juin), le travailleur de milieu des aînés du Centre d’action bénévole de la MRC de Coaticook, Serge Fournier, a voulu rendre hommage au futur nonagénaire. « Pour moi, Lawrence est en fait l’antithèse de l’âgisme, qui est un phénomène de maltraitance envers les aînés assez répandu. Lorsqu’on en fait, on tasse ces personnes dans un coin, on les catalogue en raison de leur âge et de leurs supposées capacités affaiblies. Cet homme est actif. Et, comme il le fait si bien, dans la mesure où les gens sont capables de s’occuper, ils combattent d’une certaine façon le vieillissement. »

Danielle Lamontagne, qui est coordonnatrice de la Table de concertation des aînés de la MRC de Coaticook, est aussi la voisine de M. Desbiens. « Je l’ai connu en prenant des marches dans le coin, raconte cette retraitée de l’enseignement en gérontologie. J’ai une admiration sans bornes pour lui. Il est un être exceptionnel et il me rend même des services. »

Celle qui est également conseillère municipale à Dixville travaille sur un projet, conjointement avec la Municipalité, pour lui rendre hommage. « On aimerait bien construire un pavillon d’accueil près de la rivière qui porterait son nom. C’est lui qui a consenti un droit de passage à cet endroit pour que les gens puissent aller pêcher », explique-t-elle.