L’ex-député Jean Rousseau a vécu l’enfer au cours des derniers mois

TRAVAIL. Sa feuille de route est pourtant impressionnante: ancien député fédéral de Compton-Stanstead de 2011 à 2015, spécialiste des ressources humaines et détenteur d’une mineure en administration. Pourtant, Jean Rousseau a eu énormément de difficulté à se trouver un nouveau boulot après son passage à Ottawa. Tellement qu’il a dû se résigner à accepter un travail dans une usine de la région de Coaticook afin de mettre du pain et du beurre sur la table.

:«Ma vie après Ottawa, elle est extrêmement difficile», avoue candidement l’ancien politicien. Défait lors du scrutin d’octobre 2015, les épreuves se sont accumulées pour l’ancien porte-étendard du Nouveau parti démocratique. «J’en ai même perdu ma maison, avance-t-il. Il y a des semaines où on a manqué de pain et de beurre. Il y a même un mois où je ne pouvais plus acheter de couches pour ma p’tite dernière. Ç’a l’air banal, mais ça ressemblait à ça ma vie.»

«Sur le plan personnel, j’en ai arraché. Je ne crois pas être matérialiste, mais j’ai toujours offert des cadeaux à Noël pour mes enfants. Cette année, je n’avais rien à leur offrir. Il n’y avait pratiquement pas de cadeaux sous l’arbre. Ça fait tout un choc quand tu vois ça», rajoute-t-il le cœur gros.

Par chance, M. Rousseau s’est récemment trouvé un emploi dans la région de Coaticook. Dans une usine, il s’occupe de la gestion de la qualité sur les différentes lignes de production sur le quart du soir. «J’ai été un an à me chercher un emploi, avant de trouver celui-ci, à la fin de l’année. Après avoir perdu les élections, ma famille et moi étions certains que ce serait facile de se trouver un nouvel emploi. Ce ne fut pas le cas. À un certain moment donné, j’ai même dû effacer toutes mes années de services à Ottawa et tous mes diplômes universitaires pour faciliter ma recherche. Malheureusement, quand tu es député, l’étiquette du parti que tu représentes te suit longtemps.»  

«Le plus difficile là-dedans, ç’a été de passer l’éponge sur tout ce que tu as fait au cours des dernières années. Servir la population, échanger des idées dans trois campagnes électorales, je vois ça de façon très positive. Ce n’est pas le cas pour certains employeurs.»

L’âge, un autre facteur

Outre son allégeance politique, l’âge du politicien a certainement joué dans la décision de certains dirigeants à ne pas l’embaucher. «Il faut dire qu’à mon âge [55 ans], les gens préparent leur retraite de la vie active. Moi, je veux plutôt y retourner», mentionne-t-il.

M. Rousseau note qu’il n’est pas le seul à vivre cette difficile situation. À ses dires, quelques 400 emplois ont été perdus sur la colline parlementaire dans l’aile néodémocrate. «Et il n’y en a pas beaucoup qui ont réussi à se replacer dans leur domaine d’intérêt. On ne les entend pas raconter leur histoire, car, peut-être, préfèrent-ils vivre cette expérience à l’abri des regards.»

Dans cette histoire, Jean Rousseau montre du doigt le parti qu’il représentait. «On n’avait aucun plan de contingence [advenant une défaite], ce qui est réellement malheureux», accuse-t-il.

L’emploi idéal

Si un chercheur de tête proposait l’emploi idéal à Jean Rousseau. À quoi ce boulot ressemblerait-il? «Un bon poste en gestion de ressources humaines, lance-t-il. Pas un de directeur , mais un de conseiller, d’agent, question d’aider les gens dans certains conflits reliés au travail. Rien de "fancy", simplement un bon poste en gestion de ressources humaines.»

«Non pas que je déteste mon travail actuel, poursuit-il. Ce sont des gens très sympathiques et extraordinaires, autant les superviseurs que les gens sur les lignes de production.»