Les maires sont-ils assez bien rémunérés?
Au sein de la MRC de Coaticook, aucun des maires n’occupe son poste à temps plein, proprement dit. Toutefois, la charge de travail est lourde pour plusieurs élus, qui dépassent fréquemment les heures pour lesquelles ils sont payés. Le Progrès a donc posé la question suivante à une poignée de premiers magistrats: «Les maires sont-ils assez bien rémunérés pour le travail qu’ils effectuent?»
La mairesse de Waterville, Nathalie Dupuis, propose une réponse à deux volets. «Si on regarde la capacité de payer de nos contribuables, je crois que nous gagnons un salaire correct. Cependant, si on calcule toutes les heures qu’on passe en réunion, en comité et au bureau, je crois que nous ne sommes pas payés à notre juste valeur.»
Élue en novembre dernier, Mme Dupuis dit qu’il n’est pas rare de consacrer une quarantaine d’heures de travail par semaine, alors que sa paie reflète un salaire d’une vingtaine d’heures seulement. «Pour être maire à temps partiel et rentrer dans son argent, il faudrait quasiment être indépendant de fortune. Dans mon cas, je le fais par don de soi, car j’adore la politique. Mais, le salaire, ça pourrait être un handicap lorsque vient le temps de trouver une relève», admet-elle.
Voilà un constat qui est partagé par son collègue de Compton, Bernard Vanasse. «Si on le fait pour le salaire, vaut mieux ne pas se lancer en politique, convient-il. Avec les conditions actuelles, je verrais bien mal un jeune père de famille ou une mère faire le saut. C’est dommage, car ça nous prend du sang neuf pour apporter de nouvelles idées.»
Loin de se plaindre de sa situation, M. Vanasse fait tout de même un bilan fort occupé des derniers mois. «Avec notre petite crise du verglas, le départ en congé de maladie de notre directeur général, les dossiers ne cessent de s’accumuler. Si je devais compter toutes mes heures et les diviser par mon salaire, disons que je ne gagnerais pas cher de l’heure», raconte l’encanteur de formation.
Du côté de Martinville, le maire Martin Saindon dit être préoccupé par cette situation. «Il va falloir se pencher sur la question, pense-t-il. Je crois que notre système de rémunération n’est plus adapté à nos réalités, même chose pour nos formations. Ce n’est pas tout le monde qui a un poste de travail et qui peut faire de la téléconférence, le jour.»
M. Saindon propose également une solution. «Pourrait-on mettre un maire à temps plein dans l’une de nos municipalités?, se questionne-t-il. On pourrait alors vérifier si les retombées sont au rendez-vous. Car, présentement, je crois que nous passons à côté de bien des opportunités, en raison de la petitesse de notre appareil municipal.»
Le préfet de la MRC de Coaticook et maire de Saint-Malo, Jacques Madore, signale que le salaire de ses collègues n’est pas un sujet de discussion autour de la table des élus de la Vallée. Cela ne veut pas dire qu’il s’agit d’un dossier peu important. «Je crois qu’il devrait y avoir une certaine forme de rémunération plus équitable versus le travail accompli», conclut-il.