Le conflit en Afghanistan raconté aux élèves de La Frontalière
GUERRE. Les 125 élèves de 5e secondaire de l’école secondaire La Frontalière en ont appris davantage sur le conflit en Afghanistan, lors d’une rencontre tenue cet après-midi (9 mai). Grâce à des témoignages enlevants, parfois touchants, personne n’est reparti indifférent face à ce que les militaires vivent en temps de guerre.
L’idée de tenir un tel rassemblement à la bibliothèque de la maison d’enseignement coaticookoise est venue de l’enseignante Denise Bouffard. Elle et ses collègues ont voulu souligner la Journée de commémoration de la mission en Afghanistan (9 mai).
Parmi les invités, on retrouvait le major Marc Dauphin. En terre afghane, ce médecin a sauvé de nombreuses vies. «On réchappait 97 % des blessés qui nous étaient amenés», dit-il fièrement.
«Être médecin dans l’armée, ça n’a rien à voir avec ce qu’on vit dans un hôpital, ici. Les blessés arrivent une dizaine à la fois. C’est le chaos et il faut imposer l’ordre. J’ai trouvé ça horrible et épouvantable ce que j’ai vu», ajoute-t-il.
Le caporal Roger Caron est un ancien élève de La Frontalière. Il a même été dans la classe qui a nommé cette école de Coaticook, en 1974. Cet agent de la Gendarmerie royale du Canada a entraîné la police afghane. Seul petit problème, lorsqu’il est arrivé sur place, 90 % des forces en savaient ni lire ni écrire. «La première chose qu’on a faite, c’est rencontrer le ministre de l’Éducation pour parler de ça.»
À Kandahar, le caporal Caron a malheureusement perdu 27 de ses confrères. «On se promenait avec beaucoup d’équipements, dont avec des garrots au cas où nous perdions l’une de nos jambes. C’était vraiment difficile», enfile-t-il, la voix tremblante, avant de reprendre son siège.
Pour le camarade Martin Crépeault, la rencontre du 9 mai a été une véritable thérapie. «C’est rare les occasions de parler de ce qu’on a vécu. Pour monsieur et madame tout le monde, cette guerre s’est principalement passée à la télé. Je suis allé en Afghanistan non pas pour les médailles ou pour jouer les héros, mais parce que je voulais aider cette communauté», souligne celui qui était à la retraite lorsqu’il est retourné en terre ennemie.
«J’y suis allé parce que je ne supportais plus de voir mes chums à la télé. Je n’étais plus capable de vivre avec ça. C’était trop troublant. Et, vous savez quoi, je suis fier d’y être retourné.»
Finissant à l’école secondaire La Frontalière, Yannic Garon, se laissera tenter par une carrière dans les forces armées lorsqu’il terminera ses études secondaires. «Je veux aider les gens. J’ai toujours su que je voulais être militaire. Les conflits armés, ça ne me fait pas peur. Sinon, je ne me lancerai pas là-dedans», souligne-t-il en mentionnant l’efficacité du travail effectué par les troupes canadiennes.
Enseignante d’histoire et monde contemporain, Denise Bouffard se dit extrêmement satisfaite du déroulement de la rencontre. «C’est un très bel exercice que nous avons fait. Disons que j’ai placé mes pions pour aborder le volet "tensions et conflits" pour l’an prochain. J’aimerais bien que ces invités reviennent nous parler de ce qu’ils ont vécu.»
La rencontre s’est terminée par un moment de silence, lequel a également été respecté à l’ensemble du Canada.