L’avenir du commerce de détail est-il si menacé?

ÉCONOMIE. L’avenir du commerce de détail est-il si sombre qu’on ne le laisse paraître? Selon l’homme d’affaires Jean-Pierre Lefebvre, l’industrie est en pleine mutation, mais il ne faut pas signer l’arrêt de mort des magasins physiques, dits «briques et mortiers», pour autant. «Il y a beaucoup de changements qui s’en viennent, raconte celui qui passé plus d’une vingtaine d’années au Conseil québécois du commerce de détail (CDCQ) à titre de président et de vice-président, en plus d’être nommé gouverneur de ce même organisme. Oui, il y a beaucoup de consommation qui se fait en ligne, mais ça ne veut pas dire que les magasins physiques ne seront plus là demain matin. Au contraire, il y a même des géants du web qui se construisent des espaces physiques. Ils recherchent l’effet perron de l’église. Ils veulent que les gens s’identifient à leur marque, qu’ils fassent partie de leur communauté. C’est une grande tendance dans l’industrie.» En plus d’être deux fois plus averti qu’avant, le consommateur souhaite vivre une expérience lorsqu’il se déplace dans un lieu physique, chose qu’il ne peut avoir en magasinant en ligne. «Le commerce devra lui faire vivre cette expérience, et ça, ça se vit avec tous les sens qu’on possède. Par exemple, dans l’alimentation, j’ai vu une bannière offrir un grand buffet. Tu entrais et les gens se servaient gratuitement. C’était pour montrer aux clients tous les produis qu’ils peuvent commander sur le web», explique le gestionnaire de la Place J.R. Lefebvre à Coaticook. Parlant de cette municipalité, ce marché est-il à l’abri de tous ces changements? «Si on n’est pas capable d’offrir une diversité dans nos produits, de les offrir à un bon prix, c’est certain qu’on en souffrira», résume M. Lefebvre. L’endroit qu’il gère a d’ailleurs vécu de grandes transformations au fil du temps. Au début des années 2000, le commerce a adopté le style magasin à rayons. En 2009, il a amené de nouveaux services, comme la clinique médicale. «Honnêtement, ce que toute ville devrait avoir, c’est quelque chose d’attrayant pour conserver ses consommateurs. Si une ville se prend en mains et se donne une saveur, une couleur, une façon de magasiner que tu ne retrouves nulle part ailleurs, ça devient une recette gagnante.»