L’aide médicale à mourir au cœur de discussions à Coaticook

COATICOOK. Sujet délicat s’il en est un, l’aide médicale à mourir a été au cœur des discussions lors d’une conférence tenue au Centre communautaire Élie-Carrier, le 12 mai dernier. Aux commandes de ces échanges, la coordonnatrice médicale des soins de fin de vie au CIUSSS de l’Estrie -CHUS, la docteure Linda Gagnon, a tenu à rappeler que cette pratique est en fait un soin offert aux patients en fin de vie.

« Le premier mot auquel il faut penser lorsqu’on parle de l’aide médicale à mourir, c’est soin », martèle la spécialiste devant une foule d’environ une centaine de personnes venues l’entendre. 

Docteure Gagnon s’est donné comme mission de démystifier le procédé avec cette conférence. « Dans bien des cas, les gens ont entendu parler de l’aide médicale à mourir par le biais d’émissions de fiction, à la télévision. Les histoires de ces téléromans sont romancées et véhiculent parfois certaines faussetés. Ça mérite de remettre les pendules à l’heure. »

Tout a débuté avec la commission « Mourir dans la dignité ». Les élus de l’Assemblée nationale ont ensuite voté en faveur d’une loi entourant l’aide médicale à mourir en 2015. Aux dires de la spécialise, celle-ci amène des règles précises sur les personnes qui y ont droit. D’abord, il faut être assuré via la Régie de l’assurance-maladie du Québec (RAMQ), une note qui a été apportée pour éviter le tourisme médical. Il faut aussi être âgé de 18 ans et plus et atteint d’une maladie grave et irréversible, dont l’état est avancé. « On ne doit plus être capable d’apaiser les souffrances physiques et psychologiques de ces patients. Finalement, la décision doit être prise de manière libre et éclairée, en plus d’être approuvée par deux médecins indépendants », précise Docteure Gagnon. 

UN MOMENT REMPLI D’ÉMOTIONS

À titre de coordonnatrice médicale de soins de fin vie, la docteure Linda Gagnon a assisté à de nombreuses procédures soulageant une dernière fois les douleurs de patients. Techniquement, le processus nécessite une dizaine d’injections, dont plus de la moitié sont des solutions salines pour faire circuler les différentes substances nécessaires à l’arrêt cardio-vasculaire. Émotionnellement, c’est une autre paire de manches. « C’est très prenant non seulement pour la famille, mais aussi pour le personnel soignant. Je ne me rappelle pas d’une fois où le médecin et l’infirmière ne pleuraient pas. IL y a un attachement avec nos patients. Oui, il y a beaucoup d’émotions. »

« Au début de l’aide médicale à mourir, je me souviens d’un médecin qui avait trouvé traumatisant le processus. Il avait préféré ne plus en faire pendant un p’tit bout de temps. Finalement, il est revenu quelques années plus tard. »

AVENIR DE LA PROCÉDURE

Avec le futur projet de loi 11, l’aide médicale à mourir pourrait être étendue vers d’autres clientèles, comme les patients atteints de troubles neurocognitifs et pour celles qui souhaitent faire une demande anticipée lorsqu’elles deviendront inaptes. On souhaite également offrir la possibilité aux « super infirmières » de prodiguer ces soins de fin de vie. Cela mènera à une meilleure accessibilité.

« Comme au départ, il y aura des commissions spéciales et des recommandations sur l’ensemble de ces questions. Il faudra avoir une acceptabilité au sein de la société. À mon avis, l’important, ce sera d’avoir des règles claires. Il y aura aussi une responsabilité de communication de ces soins. C’est pourquoi j’ai accepté de venir en parler à Coaticook. »