La psychologue Pierrette Desrosiers dénonce les tactiques d’intimidation du mouvement vegan

AGRICULTURE. Le véganisme, qui prône l’abolition de toute forme de consommation animale, commence à étendre ses tentacules dans la région. Bien que cette pratique à titre personnel ne dérange aucunement la psychologue Pierrette Desrosiers, les tactiques de propagande du mouvement, qui frôlent parfois la désinformation et, surtout l’intimidation, devraient être dénoncées haut et fort, soutient-elle.

«On a passablement été épargné au cours des dernières années, au Québec et au Canada, lance d’entrée de jeu cette professionnelle qui se spécialise dans le milieu agricole. Or, ça ne semble plus être le cas. Dans le cadre de mes fonctions, plusieurs agriculteurs me rapportent des cas d’intimidation. Ils ont parfois très peur et ne savent pas trop comment réagir face à ça. Ils sont déstabilisés lorsqu’on leur dit qu’ils violentent des animaux. On les traite de violeurs, de tueurs d’animaux. Cette tendance est lourde. Non seulement ça se passe sur leur ferme, mais ça se déroule sur les réseaux sociaux où il est très facile de véhiculer ses opinions.»

«Ce que je n’aime pas, c’est le message qu’on tente de faire passer, poursuit Mme Desrosiers. Tous ceux qui suivent de près ou de loin le monde agricole savent très bien que nos producteurs prennent très bien soin de leurs animaux. Malheureusement, on se sert de cas d’exceptions pour dénoncer certaines situations. C’est comme si on prenait le cas d’Aurore l’enfant martyre et qu’on disait que c’est l’image d’un parent typique du Québec. Cette forme de salissage est inacceptable et c’est ce qui pousse les  »trolls » du web à être encore plus virulents dans leurs commentaires.»

«Un choix individuel, pas de problème!»

Lorsque le véganisme devient un choix individuel, non imposé par un mouvement ou une certaine pression sociale, la psychologue Pierrette Desrosiers respecte ce choix. «Il faut faire une différence entre la pratique personnelle du véganisme et son mouvement. Un choix, c’est indiscutable. Par contre, lorsque des associations tentent de l’imposer de façon discutable, c’est là qu’il faut agir et dénoncer.»

Et c’est ce que tente de faire la professionnelle. La campagne «Be Fair Be Vegan», qu’on peut apercevoir dans la région métropolitaine montre certains animaux avec le message «Ils tiennent à leur vie comme nous». «Si nous présentons les animaux comme des victimes, cela veut-il dire qu’il y a des bourreaux? Si oui, qui sont-ils? On peut deviner que les bourreaux seraient ceux qui prennent soin de ces animaux, ce qui cause certainement un préjudice. Ces campagnes de publicité disent prôner le respect et la compassion de tous les êtres vivants. Mais est-ce que celles-ci ne risquent pas aussi de justifier la diffamation ou même l’intimidation envers nos producteurs agricoles?», se questionne finalement Mme Desrosiers.

Qu’est-ce que le véganisme?

Le véganisme est un mode de vie consistant à ne consommer aucun produit issu des animaux ou de leur exploitation. L’adoption de ce mode de vie découle généralement d’une idéologie qui propose une redéfinition normative de ce que devraient être les relations des humains aux animaux. Par exemple, un vegan ne mangera aucun produit provenant des animaux, comme le miel. Il intégrera cette vision dans ces activités, comme le fait de ne pas aller au zoo, ou encore de ne pas porter de vêtements faits de laine ou de cuir.