La famille d’Andrée-Ann Madore garde espoir

COATICOOK. 21 août 2018. Cette journée a complètement transformé la vie d’Andrée-Ann Madore, alors qu’elle a été victime d’un grave accident de la route. Aujourd’hui, la jeune femme de 20 ans se remet difficilement du traumatisme crânien sévère qu’elle a subi, mais sa famille garde tout de même espoir.

«Andrée-Ann évolue à petits pas de souris», image sa mère Nathalie Thibeault.

Tout près d’un an après son accident, son état de conscience est jugé «un peu plus que minimal» par les spécialistes de la santé. «Elle est éveillée de plus en plus, mais ça vient par période, note Mme Thibeault. Lors de phases où elle est plus présente, si on lui pose des questions simples et précises, elle peut nous répondre en clignant des yeux. Occasionnellement, il y a un « non » qui sort de sa bouche. On commence à pouvoir communiquer avec elle, chose qui n’était pas possible il y a à peine deux mois.»

Bien évidemment, le cerveau est très complexe et il est difficile de prédire si la courbe ascendante de son état se poursuivra au fil du temps. «On aimerait bien avoir une boule de cristal pour savoir ce qui se passera. Mais là, on y va au jour le jour, heure par heure et minute par minute», confie la maman d’Andrée-Ann.

Nathalie Thibeault

Du Centre de réadaptation jusqu’à la maison

Même si on détecte des petits changements dans l’état d’Andrée-Ann, les spécialistes du Centre de réadaptation de l’Estrie soutiennent qu’elle a atteint un plateau et qu’elle devra quitter cet établissement qu’elle fréquente depuis janvier dernier. «Le centre est malheureusement devenu un endroit trop actif pour elle. Pour rester là-bas, il aurait fallu lui en demander plus et ça l’aurait probablement trop fatiguée.»

Deux options s’offrent maintenant à la famille: le Centre hospitalier de soins longue durée (CHSLD) ou encore un retour à la maison. «Après discussions avec mon conjoint, on a décidé de ramener Andrée-Ann à la maison. On a pesé les pour et les contre et on en est venu à la conclusion que sa place est ici, au sein de sa famille, avec ses trois sœurs. Elle sera bien entourée et ça pourrait l’aider dans son développement.»

«Je n’ai rien contre les soins qu’on prodigue en CHSLD, loin de là, mais ce n’est pas un endroit pour une jeune de 20 ans, poursuit-elle, une larme à l’œil.

Comme Andrée-Ann a été victime d’un accident de la route, non seulement ses proches doivent remplir de la paperasse du système de santé, mais ils doivent aussi faire affaire avec la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ). «J’ai l’impression qu’on a une couverture et que chacun la tire de son côté. Le système est tellement complexe. On se bute souvent à de la bureaucratie. Malgré tout, je ne peux dire que du bien des gens qui s’occupent d’Andrée-Ann.»

Il y a quelques jours, la jeune femme a effectué un retour à la maison temporaire afin de savoir si tout se passerait bien. «Il faut apporter quelques changements à notre résidence. Il faut percer un mur de sa chambre jusqu’à la salle de bain pour installer un levier pour qu’elle puisse s’y rendre. On souhaite aussi construire une rampe d’accès et faire un petit sentier pour que je puisse l’amener prendre l’air», raconte sa mère qui est maintenant en arrêt de travail pour s’occuper de sa fille.

On travaille présentement à organiser un horaire pour que des spécialistes de la santé se rendent à domicile.

Tous ces changements nécessiteront des investissements majeurs. Par chance, au printemps dernier, un souper-bénéfice au restaurant Jack-O de Coaticook a eu lieu, ce qui a permis d’amasser tout près de 21 000 $. «Cette journée-là, j’ai vu les gens attendre à la porte. Le stationnement était plein. À voir tout ce monde se déplacer pour Andrée-Ann, je me suis mise à pleurer. J’étais sans mot. Les gens se tiennent tellement à Coaticook. Aujourd’hui encore, j’apprécie cet élan de générosité. Si je ne l’ai pas encore fait, et vous m’excuserez avec tout ce qu’on a vécu, j’aimerais remercier tout le monde qui y a participé.»

La force d’Andrée-Ann

Le 21 août 2018, Andrée-Ann Madore était au volant de sa voiture et se rendait à l’école lorsqu’elle a eu son accident. A-t-elle voulu éviter un animal? A-t-elle eu une distraction? Le rapport d’accident ne peut rien confirmer. «La seule chose qu’on apprise, c’est qu’elle tenait une poignée dans sa main lorsqu’on l’a retrouvée. Je sais qu’elle se faisait souvent des smoothies avant d’aller à l’école. Peut-être l’a-t-elle échappé? Seule Andrée-Ann connaît la réponse et peut-être ne le saura-t-on jamais», philosophe sa mère.

«J’avoue que lorsqu’est arrivé l’accident et, aussi, lors des jours qui ont suivi, j’avais une rage, une colère. Avec le temps, ma rage s’est calmée. Je remercie la vie de me permettre d’avoir des moments avec Andrée-Ann. Je peux la voir sourire, lui donner des bisous, la prendre dans mes bras et la serrer fort.»

Par sa volonté, son caractère et sa force, Andrée-Ann s’en sortira, croient ses proches. «Elle doit sentir tout l’amour qu’on lui donne. Elle a aussi un lien privilégié avec sa sœur Claudia. Quand elle la voit rentrer, elle la reconnaît et elle sourit toujours. C’est d’ailleurs en voyant une photo de sa sœur qu’elle a eu l’une de ses premières réactions après son réveil de l’accident.»

«Ultimement, c’est son combat et on sera toujours là pour l’accompagner», souligne sa mère.