La dernière alarme a sonné pour André Lafaille

INCENDIE. Après une quarantaine d’années au service de la Régie intermunicipale de protection incendie de la région de Coaticook, son directeur André Lafaille tire sa révérence avec le sentiment du devoir accompli.

«C’est Jean-Paul Lemay qui était venu me voir en 1976, se souvient le principal intéressé. Il m’avait demandé si je voulais être pompier. Je lui ai dit « Oui, c’est sûr ». Je suis allé à la pratique, on m’a donné un manteau et une paire de bottes. Ç’a été ma première incursion dans le Service à Coaticook.»

Disons que les choses ont bien changé depuis ce temps. Aujourd’hui, les futurs pompiers doivent se soumettre à une formation de 375 heures avant de faire leurs premiers pas sur le terrain. «C’est vraiment pas la même "game" pantoute. On n’envoie plus les gars tête première sans savoir ce qui les attend.»

Le travail de pompier lui aussi a évolué avec le temps. «Quand j’ai commencé, on travaillait avec les moyens du bord, explique M. Lafaille. Lorsqu’on arrivait et qu’une résidence était pleine de fumée, on cassait d’abord la fenêtre, puis on arrosait la fumée, sans trop savoir où était le feu. Aujourd’hui, on perce la couverture pour faire une ventilation, afin de faire sortir la fumée et les gaz chauds. Ça nous permet de trouver l’origine de l’incendie. Il y a aussi pas mal moins de dommages.»

La lutte contre les incendies ne représente qu’un volet du travail de sapeur. «Aujourd’hui, on intervient dans des situations d’urgence, en assistant les ambulanciers. On désincarcère des véhicules, on fait des sauvetages en montagne, sur les lacs et au Parc de la gorge.»

Tout au long de sa carrière, le pompier Lafaille a connu des moments forts en émotions. Des moments qu’il n’est pas prêt d’oublier. «Au début, ce sont les feux de grange qui m’ont marqués. Une année, il y en a eu deux en même temps, à la ferme de Marcelin Lavoie à Dixville et à une scierie de Sainte-Edwidge. On avait divisé le staff en deux.»

L’incendie d’une maison mobile à Saint-Herménégilde, au début de sa carrière, l’a aussi marqué. «Il faisait 35 en bas de zéro. La roulotte avait été consommée par les flammes et il fallait rechercher le corps d’un enfant. On l’avait trouvé sur un petit matelas», raconte l’homme visiblement encore sous le choc par cette découverte.

Autres moments difficiles pour le futur retraité: lorsque ses filles étaient adolescentes et en âge de conduire. «Lorsque t’avais un appel à deux heures du matin pour une désincarcération automobile, tu partais de chez vous et tu voyais que leur voiture n’était pas dans la cour. Ça te trottait dans la tête. Tu te poses toujours la question "Et si c’était elles?". C’est très difficile. Et c’est déjà arrivé à un de nos pompiers. Disons qu’un père, c’est dur à retenir dans ce genre de situation avec l’adrénaline au plafond.»

Le côté positif du métier surpasse cependant les moments plutôt difficiles. «J’ai passé de très belles années avec mes confrères de Coaticook. Je me sens très bien. J’ai fait mon bout de chemin. Après 40 ans à répondre à des appels à toute heure du jour ou de la nuit, ça va faire du bien de laisser la pagette et le cellulaire de côté», dit-il sagement.

Le successeur de M. Lafaille sera le capitaine Benoît Sage. Il entrera en fonction en janvier prochain.