Rencontre avec les femmes de la brigade du Service incendie de Compton

COMPTON. Fait assez rarissime, surtout dans une petite communauté, le Service incendie de Compton compte trois femmes au sein de sa brigade. Rencontre avec celles qui se démarquent dans un corps de métier à prédominance masculine et qui n’hésitent pas une seconde à fracasser les barrières.

« Pour moi, être pompière, c’est plus qu’un métier, c’est une passion, un choix de vie », résume Marie-Pierre Larochelle, qui entame sa troisième année au sein du groupe de sapeurs de Compton. 

« J’ai toujours ressenti ce besoin de venir en aide aux gens, poursuit celle qui vient de terminer ses études pour devenir infirmière auxiliaire. Une collègue du réseau de la santé, que je côtoyais, était aussi pompière volontaire. C’est elle qui m’a ouvert les yeux vers cette profession. »

Ce sentiment de don de soi est partagé par ses deux autres collègues. « Par le passé, j’ai eu des amis qui ont eu des accidents. J’aurais tant aimé être là pour les aider. Et c’est maintenant ce que je fais depuis les huit dernières années », raconte à son tour Véronique Fauteux.

Faire sa place dans un monde où les hommes se retrouvent en très grande majorité est devenu un peu plus facile au fil du temps, reconnaît Mme Fauteux. « Ç’a beaucoup changé. Ici, à Compton, par contre, je n’ai jamais eu un mot à dire. Personne ne m’a jamais dit rien de désobligeant. Les femmes ont toujours été très bien accueillies. »

« J’ai rapidement été prise en charge, se souvient Marie-Pierre. On se sent vraiment épaulé et je n’ai jamais entendu de propos sexistes. »

Nouvelle recrue au sein de la brigade, Marie-Hélène Roberge fait même un pas de plus quant à l’accueil de la gent féminine au sein des métiers traditionnellement masculins. « En 2022, je pense que c’est même rendu cliché de dire qu’une femme a de la difficulté à faire sa place dans un tel milieu. C’est simplement un autre genre d’esprit d’équipe qui s’installe », lance-t-elle.

DES INTERVENTIONS QUI MARQUENT

Marie-Pierre Larochelle se souviendra longtemps de la première intervention sur laquelle elle a été appelée. « C’était sur une grande ferme, à Compton, et ça m’avait réellement impressionnée. Les flammes étaient intenses et ç’avait pris pas mal de temps à les maîtriser. J’ai rapidement vu la nature de notre travail et toute l’ampleur que ça pouvait avoir. »

Pour sa part, Véronique Fauteux préfère se concentrer sur l’aspect positif des interventions. « Quand on arrive à sauver quelqu’un ou même des animaux, on est vraiment fier. C’est très valorisant comme boulot. »

SAVOIR JONGLER BOULOT ET FAMILLE

Contrairement aux services incendie de plus grands centres, celui de Compton est composé seulement de pompiers volontaires. Cela veut dire que la plupart de ses membres occupent également un autre emploi.  C’est le cas de Marie-Hélène Roberge, qui travaillent chez Débosselage Orford. « Mon employeur est toujours enclin à me laisser partir sur un « call ». Il sait que c’est urgent et il m’accommode de cette façon. C’est aussi du donnant-donnant. »

Et quand ce n’est pas le boulot qui en demande, c’est la famille. Parlez-en à Marie-Pierre Larochelle, mère monoparentale de deux préados. « Ça demande vraiment beaucoup d’organisation, dit-elle. Une chance que je suis bien entourée. Mes parents demeurent à proximité et sont pratiquement toujours disponibles si l’intervention s’étire. Même si c’est demandant, je n’abandonnerais jamais ce métier. »  

UN DIRECTEUR FIER

Directeur du Service de sécurité incendie de Compton, Jonathan Garceau se dit bien fier de compter ces trois pompières en ses rangs. « On a la chance d’avoir ces trois filles-là qui fracassent les barrières. Elles sont là quand ça compte. Et même quand le travail devient un peu plus demandant physiquement, elles ne vont pas se cacher en arrière du camion. Elles n’ont pas peur de foncer. »