Grande déception chez les dirigeants des commissions scolaires

ÉDUCATION. Les dirigeants des quatre commissions scolaires de l’Estrie réagissent très négativement au projet de loi déposé par le gouvernement concernant la gouvernance et l’organisation des commissions scolaires.

Réunis en point de presse lundi, les présidents des commissions scolaires Eastern Township, des Sommets, des Hauts-Cantons et de la Région-de-Sherbrooke ont tour à tour livré leurs messages.

Rappelons que le projet de loi du gouvernement du Québec, déposé la semaine dernière, consiste à modifier l’organisation et la gouvernance des commissions scolaires en vue de rapprocher l’école des lieux de décision, pour ainsi assurer la présence des parents au sein de l’instance décisionnelle de la commission scolaire.

«On reçoit ce projet avec une très grande déception. Nous avons énormément de questionnement. En fait, on dirait un gros brassage de structures», déplore amèrement Gilles Normand, président de la Commission scolaire de la Région-de-Sherbrooke.

Le projet de loi propose notamment l’abandon des élections scolaires au suffrage universel et, par le fait même, la disparition des conseils de commissaires dans leur forme actuelle.

Il est également proposé de remplacer les conseils des commissaires par des conseils scolaires formés de parents, d’employés et de représentants de la communauté socio-économique.

«Ce sont des préoccupations qui sont bien loin de nos élèves», se désole Gilles Normand.

Celui-ci rappelle que les dirigeants des commissions scolaires du Québec ont dû subir d’importantes coupures au cours des dernières années. «Et là, ce nouveau projet nous pousse encore à nous réorganiser différemment», de confier Gilles Normand.

Le président de la Commission scolaire de la Région-de-Sherbrooke se pose bien des questions sur le bien-fondé de ce projet. «Pourquoi ce brassage de structures quand notre taux de décrochage scolaire est à la baisse et que la réussite scolaire est à la hausse», se questionne Gilles Normand.

«On élimine le suffrage universel, mais on garde le pouvoir de taxation. Ça va grandement dénaturer la démocratie», dénonce pour sa part Jean-Philippe Bachand, président de la Commission scolaire des Sommets.

«Si les élus disparaissent, les plus petites écoles auront-elles à se battre contre les plus grosses pour obtenir des budgets et des services», se demande quant à lui Yves Gilbert, président de la Commission scolaire des Hauts-Cantons.

Le projet de loi prévoit effectivement l’envoi direct d’enveloppes budgétaires aux écoles, ce qui pourrait complexifier le processus de répartition équitable des ressources et engendrer une iniquité entre les divers milieux ruraux, urbains, favorisés et défavorisés.

«Un conseil élu permet un contrepoids au ministère de l’Éducation. Avec le projet de loi du gouvernement, on perd ce pouvoir», fait valoir Mike Murray de la Commission scolaire Eastern Township.

Les quatre présidents entendent faire valoir leur point de vue en commission parlementaire. Selon eux, la quasi-totalité des modifications proposées par ce projet de loi pourraient se réaliser par la gouvernance actuelle.