Françoise Bertrand s’en prend aux «gratteux de guitare»
La présidente-directrice générale de la Fédération des Chambres de commerces du Québec, Françoise Bertrand, ne gagnera probablement jamais un concours de popularité auprès de la gente artistique au Québec. Du moins, certains chanteurs de la scène québécoise auraient avalé leur gorgée de café de travers s’ils avaient entendu les propos de celle-ci, récemment, alors qu’elle était de passage à Coaticook devant des représentants de chambres de commerces de l’Estrie.
Présidente d’un organisme qui représente plus de 57 000 membres (162 chambres au Québec), Françoise Bertrand déplore de voir trop souvent des artistes se lever pour s’opposer à divers projets à caractère économique. «Un projet est dans l’air et hop…des gratteux de guitare se lèvent et participent à une manif pour contrecarrer toute forme de développement», a-t-elle glissé lors de sa conférence. Elle faisait bien sûr à des artistes tels Richard Séguin ou Roy Dupuis qui se sont impliqués dans diverses causes au cours des dernières années.
Richard Séguin, un valeureux citoyen de St-Venant-de-Paquette, est un de ceux qui s’est notamment impliqué à fond dans le dossier du Mont Orford. «De l’immobilisme à l’équilibre : se doter d’outils pour un Québec gagnant», tel était le thème de cette conférence au cours de laquelle madame Bertrand s’est attardée à parler des paradoxes qui paralysent toute forme de développement. «Il y a beaucoup d’incohérence au Québec, bien des paradoxes. Tiens, nos épiciers par exemple en sont rendus à presque cacher leurs cigarettes en magasin. Pendant ce temps-là, le tabac illégal occupe 20 % du marché. «On est contre tout ici au Québec. Les gens sont contre les barrages, ils sont contre les éoliennes, ils sont contre… ».
Celle-ci a relevé quelques chiffres pour démontrer que le Québec aurait tout intérêt à en venir à des consensus afin d’améliorer la situation économique. Selon les chiffres qu’elle possède, le Québec affiche un accroissement plus faible que l’Ontario et le Canada.
Ajoutons à cela le fait que la création d’entreprises demeure faible et que la démographie est à la baisse. Sans oublier la mondialisation, «un objet de peur qu’il nous faut surmonter.»
Françoise Bertrand soutien que certains médias ne s’empressent pas d’appuyer les démarches économiques de nos décideurs. «L’argument économique n’est pas suffisamment véhiculé dans les médias, dit-elle. Nos entreprises de presse se doivent, il me semble, de tenir compte de l’aspect économique et non seulement du côté environnemental.»
Agence économique
Françoise Bertrand maintien que la création d’une agence provinciale sur les enjeux économiques pourrait avoir une certaine crédibilité auprès des journalistes.
Puis, afin de donner du poids à l’organisme qu’elle représente, la présidente croit qu’il est de la responsabilité des gens de dire clairement d’où ils viennent, qui est-ce qu’ils représentent, qu’ils s’identifient adéquatement. «Comme société, on a la responsabilité de demander aux gens de s’identifier. C’est important dans les grands débats que nous avons aujourd’hui. Il ne s’agit pas de bâillonner qui que ce soit, ils ont le droit d’émettre leurs opinions, mais en se faisant un devoir de nous dire qui ils représentent. Nous à la Fédération, nous représentons 57 000 membres, tous des gens d’affaires.»
Françoise Bertrand milite en faveur d’un meilleur équilibre entre l’environnement et l’économie. «Pour qu’un projet puisse cheminer favorablement au Québec et obtenir le feu vert, c’est parfois très long, c’est pas toujours évident. Souvent, il ne faut pas que l’engagement du gouvernement ou des entrepreneurs, il faut aussi s’assurer de l’appui de la communauté des affaires. Nos gens d’affaires doivent porter le message bien haut, ils doivent communiquer leurs intentions, le faire savoir aux médias», a mentionné la présidente de la Fédération des chambres de commerce.