Fête des mères: le désir d’être maman plus fort que tout pour Valérie Guimond

COATICOOK. Valérie Guimond savait depuis longtemps qu’elle voulait des enfants, beaucoup d’enfants. « Une demi-équipe de football », image-t-elle, le sourire accroché au visage en y repensant. Un accident de la route, qui l’a malheureusement clouée à un fauteuil roulant en 1997, aurait pu venir contrecarrer ses plans. Or, sa détermination et son désir d’être maman ont été plus forts que tout.

« Je me rappelle très bien d’un rendez-vous avec mon médecin après l’accident. La première chose que je lui ai demandée, c’était de savoir si j’allais être capable d’avoir des enfants. Il m’a répondu que oui. Ç’a été tout un soulagement. C’est drôle quand même. Après avoir encaissé le choc que j’allais passer le reste de ma vie en fauteuil roulant, ce qui me préoccupait le plus, c’était mon désir d’être maman. » 

Un an avant l’événement qui allait changer sa vie à tout jamais, Valérie a fait la rencontre d’Éric Létourneau. « Il a vécu tout ça avec moi. Je me rappelle qu’il venait me faire prendre mon déjeuner, alors qu’on venait tout juste d’enlever mes tubes. Il faisait deux heures de route pour ça. Dans ma tête, je ne voulais pas imposer tout ça à une si merveilleuse personne. Avoir des enfants dans ma condition, ç’aurait pu être trop pour notre couple. La vie a fait que non seulement il a été le conjoint parfait, mais il est aussi devenu le papa idéal. »

La nouvelle maman a donc donné naissance à ses deux enfants en 2000 et 2005. « Quand ils sont entrés dans ma vie, ils m’ont donné le goût de continuer, d’avancer. La vie n’a jamais été aussi belle. Chaque matin, je me levais et je savais pourquoi. C’était pour aimer toute ma famille. J’ai toujours voulu qu’ils soient tous fiers de moi et que je ne sois pas un fardeau pour eux. Pour moi, ma famille, c’est mon beau petit miracle. »

Sa condition a bien évidemment posé quelques embûches lorsque vient le temps d’élever des enfants. « On s’est adapté, se souvient-elle. Petits, je leur faisais porter des salopettes et je les prenais par les bretelles, un peu comme le fait une maman chat. Quand ils étaient plus grands, j’ai toujours eu un peu peur qu’ils se retrouvent à des endroits où c’était impossible pour moi d’aller les rattraper. Heureusement, tout s’est bien passé avec une belle collaboration avec le papa. »

UN AMOUR INCONDITIONNEL

Aimer ses enfants va de soi pour n’importe quel parent, croit Mme Guimond. Et elle l’a fait savoir à son garçon aujourd’hui âgé de 22 ans. À sa naissance, Danaël était une fille. « Depuis qu’il était en quatrième année, je me doutais de quelque chose. Dans toutes les étapes de sa transition, je l’ai accompagné. Ça n’a pas toujours été facile. Au départ, il y avait de petites chicanes, car je n’arrivais pas à comprendre ce qui se passait. C’est lorsqu’il m’a écrit un poème sur la différence qu’il y a eu ce déclic pour moi. Avec le temps, je l’ai vu grandir, ça m’a donné confiance et ça m’a inspirée. Il est un peu comme sa mère, bref, fort et déterminé. » 

UN BOULOT…AUSSI MATERNEL

Il n’y a pas qu’auprès de ses enfants que Valérie a été maternelle. Elle l’est aussi auprès des gens qu’elle accompagne au quotidien dans le cadre de son travail chez Moëlle épinière et Motricité Québec. « Je m’occupe du volet relié à la famille, à l’acceptation et aux deuils qu’on a à faire lorsqu’on se retrouve en fauteuil roulant, décrit l’éducatrice spécialisée. La maman en moi les aide à passer à travers cette dure épreuve. Je les accompagne et, en même temps, je souhaite un peu les protéger. C’est mon instinct qui prend le dessus. »

Une grande part de son travail permet à ces gens de retrouver le sourire. « Ça passe souvent par la découverte d’une nouvelle passion. Pour ma part, ç’a été à travers le basketball. C’est devenu mon sport préféré et je l’ai montré à tout plein de gens, même à ceux qui n’ont pas d’handicap. Disons qu’après avoir joué une partie, ils ont les bras morts et ont encore plus de respect pour ce qu’on doit vivre au quotidien. »

SE RETROUVER EN TANT QUE MAMAN

Lorsqu’on lui demande ce que représente la fête des Mères pour elle, Valérie Guimond prend quelques moments pour y réfléchir. « Je pense que nous avons tendance à nous oublier en tant que maman. On a toujours une pensée pour sa mère. Pour ma part, elle a été miraculeuse dans tout mon parcours. »

« C’est l’fun quand même de se faire rappeler que c’est notre fête, rigole-t-elle. N’empêche, le plus beau cadeau qu’on puisse avoir, peu importe la journée, ce sont nos enfants, leur présence. »