Fermeture de l’urgence: la population de Coaticook se mobilise pour démontrer l’importance du service
COATICOOK. Malgré une première bordée de neige et un temps relativement froid, quelque 150 personnes ont participé à la mobilisation citoyenne organisée pour décrier la fermeture de soir et de nuit de l’urgence de Coaticook, samedi matin (27 novembre).
Instigatrice de ce rassemblement, la directrice générale de la Corporation de développement communautaire de la MRC de Coaticook, Émilie Drouin, croit que cet événement est venu illustrer l’importance de l’accès à ce service en tout temps. «Je suis vraiment contente de voir tous ces gens rassemblés ici, car chacun d’entre eux pourra faire une différence, lance-t-elle. Et à ceux qui pensent que ce que nous faisons aujourd’hui ne sert à rien ou qui croient que les dés sont jetés, je leur dis ceci: les grandes crises sociales ont toujours mené à de grands changements. Avec la fermeture de notre urgence le soir et la nuit, jumelée à la pandémie et à divers enjeux, nous vivons actuellement une grande crise sociale. Et nous serons les agents du changement.»
Sur place, les gens ont été invités à signer des cartes postales, sur lesquelles ils ont pu écrire l’importance d’avoir une urgence ouverte 24 heures sur 24. Celles-ci seront acheminées au ministre de la Santé, Christian Dubé, ainsi qu’à la députée de Saint-François, Geneviève Hébert.
Claudette Brosseau a participé à la mobilisation pour démontrer son appui aux démarches entreprises par les élus. «Je trouve primordial que l’urgence demeure ouverte 24 heures sur 24. C’est un besoin. Ce n’est pas un luxe», explique cette résidente du secteur Baldwin, à Coaticook.
«On paie toute notre vie pour avoir accès à des services de santé et là, on vient nous les couper alors qu’on est rendu à un âge où on en a le plus besoin. C’est réellement difficile à avaler», raconte pour sa part Sylvain Comtois.
«MON NOM NE SERA PAS ASSOCIÉ À LA FERMETURE»
Des gens de tous les milieux ont pris le micro pour s’adresser à la foule, lors de ce rassemblement. Parmi ceux-ci, le maire de Coaticook, Simon Madore, et le préfet de la MRC de Coaticook, Bernard Marion. «Si jamais l’urgence ferme, ce n’est pas vrai que ce sera mon nom qui sera associé à ça», ont-ils tous les deux affirmé avec aplomb.
«Il faut que les soins médicaux soient donnés localement», a rajouté M. Marion, qui est également maire de Sainte-Edwidge-de-Clifton.
«La solidarité, on la voit dans vos yeux, a lancé M. Madore. Tout le monde a le même objectif. On va être là pour se battre et garder notre urgence ouverte 24/7.»
Présidente du comité des usagers de l’établissement, Louyse Philibert a rappelé que l’urgence a été rénovée à coup de millions de dollars il n’y a pas si longtemps. «Les gens ont le droit d’avoir une urgence ouverte à toute heure de la journée», a-t-elle ensuite martelé.
Le producteur laitier, Philipp Stirnimann, y est allé d’une comparaison avec les soins qu’on prodigue à ses vaches. «Aussitôt qu’un de mes animaux a de quoi, ça prend 15 minutes et on a du service. Il me semble qu’on mérite autant que ce que nos animaux méritent», clame celui qui est aussi président de l’Union des producteurs agricoles de Coaticook.
La présidente de la Fondation du CSSS de la MRC-de-Coaticook, Vicky Désorcy, souhaite apporter des pistes de solution à ses collègues. «Nous sommes conscients que nous sommes à la croisée des chemins, mais avoir accès à un professionnel de la santé à toute heure du jour ou de la nuit, ça demeure primordial», renchérit-elle.
La décision de fermer l’urgence le soir et la nuit a un impact direct sur l’économie locale, croit quant à lui le président de la Chambre de commerce et d’industrie de la région de Coaticook, Francis Riendeau. «Quand on parle d’attractivité de notre région, l’un des grands avantages qui est soulevé, c’est notre service de santé. Si on l’enlève, on enlève des opportunités d’affaires pour plusieurs entreprises de la région. Pensons aussi aux corps de métiers qui travaillent le soir et la nuit. S’ils se blessent, que fait-on?»
LA PROCHAINE ÉTAPE
Aux dires d’Émilie Drouin, la prochaine étape sera de faire en sorte que les canaux de communication soient rouverts avec le CIUSSS de l’Estrie – CHUS. «Pour le moment, il y a un problème de communication, comme l’ont démontré M. Marion et M. Madore. On va s’arranger pour fournir des chiffres, des données et des arguments pour qu’on puisse se faire entendre», conclut-elle.