Fermes incendiées à Coaticook et Dixville: les propriétaires se relèvent
SINISTRE. Il s’est passé plusieurs semaines depuis que les flammes ont pratiquement tout rasé les bâtiments des fermes CMS Boivin et Benoit Ruel, à Coaticook et Dixville. Bien des gens auraient pu facilement baisser les bras devant l’ampleur de la tragédie, mais pas ces agriculteurs. Au contraire, ils disent tous être en processus de reconstruction de leur entreprise. Les dates exactes des sinistres sont encore bien ancrées dans leur mémoire. Sylvain Boivin, copropriétaire de la ferme CMS Boivin, se souviendra longtemps du 27 janvier dernier. 24 heures après une opération pour corriger une hernie discale, voilà que le malheur s’acharne une fois de plus sur lui. «Quand tu vois tout ça s’enflammer devant tes yeux, disons que tu passes par toute la gamme des émotions, avance-t-il. Tu te sens complètement dépossédé. Tu perds tout d’un coup sec.» «Et, en plus, t’entends les animaux se lamenter à travers ça, ajoute-t-il. C’est une scène que je ne voudrais jamais revivre.» Au total, 110 bêtes ont perdu la vie lors de cet incendie. Chez Benoit Ruel, à quelques pas de là, les flammes ont pris naissance le 4 février. Sur un troupeau de 87 vaches, seules quatre d’entre elles ont pu être sauvées d’une mort atroce. «Je me sentais complètement impuissant devant ce qui se passait, raconte l’agriculteur. Heureusement, les pompiers ont vraiment fait une belle « job ». Je ne peux que leur lever mon chapeau pour tout ce qu’ils ont fait.» La reconstruction sans hésitation Il n’y a pratiquement eu aucune hésitation lorsqu’est venu le temps de se poser la question à savoir si les agriculteurs allaient rebâtir. «Dès le départ, je savais que j’allais reconstruire, note M. Ruel. Bien sûr, j’aurais pu être dédommagé au contraire, mais je vois encore plus loin que le simple fait d’avoir de l’argent. Je vois plutôt mes filles qui grandissent sur cette terre. Je veux leur donner le choix que je n’ai jamais eu, puisque la ferme familiale a été vendue lorsque j’étais jeune. S’ils veulent faire ça de leur vie, elles auront un choix et c’est ce qui me motive à reconstruire.» Déjà, deux plans d’ingénieurs ont été commandés et pratiquement tout est prêt pour une reconstruction un peu plus tard en période estivale. Même son de cloche chez les Boivin. «T’as deux façons de réagir lorsqu’il t’arrive un drame comme celui-là. Tu t’écrases et tu abandonnes ou bien tu fonces. Mon frère [Christian] et moi voulons reprendre l’entreprise de mon père, alors ç’a motivé notre décision.» Beaucoup de travail À la ferme CMS Boivin de Coaticook, on aimerait reconstruire pour cet automne. «Si ce n’était que de moi, on serait déjà en train de faire les travaux de reconstruction, lance-t-il à la blague. Mais, il faut être réaliste. Il faut planifier.» Entre temps, le bétail sauvé est réparti sur trois sites, soit à la ferme de Roger Vaillancourt, chez un voisin, Claude Bissonnette, ainsi que chez l’un de ses beaux-frères. «À eux ainsi qu’à tous les gens qui nous ont aidés le soir et le lendemain du feu, j’aimerais leur dire un gros merci. Le milieu agricole, ce sont des gens qui s’entraident beaucoup et qui n’hésitent pas à prêter main forte lorsqu’arrive un malheur», dit M. Boivin. Benoit Ruel, lui, a perdu la grande majorité de son troupeau. Une fois que les murs seront levés, il devra se «magasiner» de nouvelles bêtes. «Je pense aller les chercher aux États-Unis, comme lorsque j’ai commencé. Je crois même aller voir le même agriculteur qui m’a vendu mes premières Jersey», explique-t-il. Avant que les flammes ne réduisent en poussière sa ferme, M. Ruel avait une quarantaine de bêtes en lactation. «Là, j’aimerais bien en avoir 70 ou 80. C’est mon objectif de production. Si ça devient plus gros, ce seront mes filles qui piloteront ce projet plus tard», raconte l’agriculteur de 33 ans, optimiste.