Déjà 5 ans après l’incendie et l’inondation du centre-ville de Coaticook

COATICOOK. Il y a cinq ans, le ruisseau Pratt est sorti de son lit, puis, quelques jours plus tard, un incendie a ravagé un immeuble du centre-ville de Coaticook. Aujourd’hui, un trou béant rappelle de lourds souvenirs de cette crise qui a frappé la municipalité. À commencer par le maire Simon Madore, qui était à l’époque conseiller municipal. «C’est certain qu’à chaque fois qu’on passe par là, on y pense, souligne le premier magistrat. Après cinq ans, je pense qu’on peut commencer à rêver à un projet qui viendrait remplacer tous les immeubles qu’on a perdus.» Une première esquisse avait été présentée lors d’un Souper du maire, deux années après les événements. Seulement, la Municipalité n’avait pas trouvé d’investisseurs sérieux et devait donc assumer une plus grande partie des coûts. La facture s’était alors avérée trop élevée, ce qui a calmé les ardeurs des élus de l’époque. Le maire Madore soutient toutefois que les plans sont toujours sur la table. La Municipalité demeure d’ailleurs propriétaire de la grande majorité de ces terrains. «Nos intentions n’ont pas changé. On souhaite toujours reconstruire. Je pense qu’on a un très beau parc Chartier et une Place Tillotson des plus dynamiques. On n’a pas besoin d’un autre espace vert», soutient-il. Dans un scénario idéal, le premier plancher serait réservé à des commerces, tandis qu’aux étages, on retrouverait du résidentiel. «Ça n’a pas vraiment changé de ce qui était proposé. Avant, on souhaitait un partenariat avec le HLM de Coaticook, mais ils ont décidé de rénover et de construire plus près de leur site actuel [près de l’hôpital de Coaticook].» «On pourrait opter pour des habitations un peu plus luxueuses, question d’amener une certaine diversité de clientèle, peut-être plus âgée, qui pourrait être plus près des commerces», renchérit le maire. Quant aux commerces, M. Madore aimerait bien diversifier le tissu commercial de sa municipalité avec la venue de nouvelles adresses. «J’avoue que de faire une belle terrasse, sans nécessairement empiéter sur les cases de stationnement, ce serait vraiment plaisant à voir comme projet. On pourrait également garder un petit espace pour un endroit public dédié à la Municipalité. On y aménagerait des toilettes, car de plus en plus de gens visitent Coaticook, avec Foresta Lumina.» Une crise bien gérée Le maire de Coaticook, Simon Madore, croit que la crise de janvier 2014 a bien été gérée. «Les communications ont bien fait leur travail, tant par les gens de la Ville que par les propriétaires touchés par l’incendie et les inondations. Il n’y a pas eu d’hésitation non plus dans la prise de décision. Tout a été fait rapidement pour la sécurité de toute notre population», conclut le premier magistrat. Rappelons que neuf sinistrés ont dû être relocalisés durant cette période. L’un des plus importants incendies de sa carrière Ancien directeur de la Régie intermunicipale de protection incendie de la région de Coaticook, André Lafaille n’hésite aucunement à dire que le brasier de janvier 2014 a été l’un des plus significatifs de sa carrière. «À notre arrivée, l’embrasement était généralisé, se souvient l’homme qui a évolué au sein de ce service de 1976 à 2016. Notre travail a alors été de sauver les bâtisses environnantes et éviter que le feu se propage. Ça n’aurait pas pris de temps, vu la proximité.» L’édifice rasé par les flammes était celui qui abritait à l’époque une bijouterie. Le travail des pompiers ne s’est pas seulement limité à combattre les flammes. Quelques jours plus tôt, ils avaient aussi participé aux efforts de sauvetage de l’inondation. «On est allé prêter main-forte. On a fait des évacuations sur la rue Saint-Jean-Baptiste et à certains endroits au centre-ville. On allait dans les maisons et on les ramenait en sécurité.» Une crise qui lui a rappelé son passé de militaire En l’absence du maire de l’époque, Bertrand Lamoureux, l’ex-conseiller municipal coaticookois Luc Marcoux a agi à titre de maire suppléant et a coordonné de nombreuses interventions. «Chaque fois que je me promène dans ce secteur, je ne peux que penser à tout ce qui s’est passé. Ce vide-là, ça me rappelle toute la tristesse que bien des gens ont vécu lors de ces journées», explique M. Marcoux. «On a été chanceux dans notre malchance, car nous n’avons pas eu de perte de vie humaine», rajoute-t-il. En repensant à ses actions de janvier 2014, l’ancien conseiller croit que son passé d’ex-militaire l’a aidé à gérer cette situation de crise. «Toute ma vie, j’ai été chef ou coach sur le terrain, par exemple dans des camps de réfugiés au Moyen-Orient. Je crois être à mon meilleur quand ça bouge comme ça.» «Les commerçants se sont relevés» Lors de la «crise du centre-ville», Manon Marcoux était la propriétaire de la Boutique Jackie. Quelques jours après l’inondation du 11 janvier, la Ville de Coaticook annonce que le bâtiment qui abrite son commerce devra être démoli. «Ç’a été tout un choc, se souvient la femme d’affaires qui travaille maintenant pour Tourisme Coaticook. Heureusement, on a pu se relocaliser sur la même rue, à quelques pas d’où on était situé.» La plupart des commerçants ont tous été relocalisés, que ce soit le comptable Bernard Dumont, le bar Le Baril ou encore Gaétane fleuriste. «On s’est tous relevé. Je pense que nous avons une communauté d’affaires dynamique qui est prête à affronter bien des défis. Celui-là, pour ma part, en était un très grand.» Chaque printemps, Mme Marcoux dit avoir une pensée pour les sinistrés lorsqu’elle voit des images d’inondations dans les journaux ou encore à la télévision. «Rien n’est plus fort que la nature», songe-t-elle. Son souhait le plus cher serait de voir un nouvel immeuble être reconstruit à la place des trois établissements qui ont été rasés à l’hiver 2014. Un pan d’histoire détruit par les flammes Pour la responsable de la culture et des communications à la Ville de Coaticook, Shirley Lavertu, les événements de janvier 2014 ont mené à une grande perte. «L’historienne en moi avait de la difficulté à croire que nous allions démolir le plus vieil édifice de la ville [celui du bar Le Baril]. C’est tout un pan de notre histoire qui s’est effacé au tout début des célébrations entourant le 150e anniversaire de notre municipalité.» Lorsqu’elle revient sur ce qui s’est passé, Mme Lavertu dit avoir vécu «d’intenses émotions». «Dans tout ce qui s’est passé, je ne peux que saluer le travail de collaboration qui s’est effectué, tant chez les élus que chez nos employés», mentionne-t-elle. Chronologie des événements qui ont dévasté une partie du centre-ville en 2014 11 janvier: Le ruisseau Pratt sort de son lit et inonde une partie du centre-ville de Coaticook 13 janvier: La Ville de Coaticook annonce qu’un premier bâtiment, celui abritant la Boutique Jackie, devra être démoli 15 janvier: Le Bar Le Baril est touché par un avis de démolition 15 janvier: Un incendie rase complètement l’immeuble abritant Gaétane Fleuriste, voisin des deux bâtiments qui seront bientôt démolis 16 janvier: Un élan de solidarité pour les sinistrés du centre-ville frappe la région 17 janvier: Les travaux de démolition débutent au centre-ville de Coaticook 20 janvier: D’un commun accord, la Municipalité et les propriétaires du Baril acceptent la démolition de l’établissement