Défi Récup-Air à Coaticook: « Grâce à mon travail, j’ai fait un bon bout de chemin dans ma vie »

INTÉGRATION. Pour plusieurs employés du Défi Récup-Air, leur boulot est beaucoup plus qu’une façon de garnir leur portefeuille. « Si je suis autonome aujourd’hui, c’est en grande partie grâce à eux. J’ai fait un bon bout de chemin et j’en suis très fier », lance Claude Masson, le doyen de cette entreprise de Coaticook.

Défi Récup-Air, une division du groupe Défi Polyeck, emploie une trentaine de travailleurs aux prises avec certaines difficultés, qui ont des problématiques de santé ou encore qui ont des contraintes physiques. Parmi ceux qui se rendent chaque matin entre les murs de l’usine de la rue Saint-Jacques Sud, à Coaticook, on retrouve Claude Masson, un sympathique quinquagénaire des plus attentionnés aux tâches qu’on lui confie. « Le matin, quand j’arrive à 6 h 30, la table est toute préparée, raconte ce frigoriste, le seul d’ailleurs à détenir cette certification dans l’usine. Il y a plusieurs machines, comme des airs conditionnés, et je dois enlever tous les gaz pour qu’on puisse ensuite récupérer les métaux qui composent les appareils. »

M. Masson fait « partie des meubles » du Défi Récup-Air depuis janvier 2008, mais a eu une routine de travail depuis mai 1998, tient-il à préciser. « Mon parcours a commencé avec la maison Saint-George. C’est grâce à eux si je suis rendu ici aujourd’hui. Ils m’ont aidé dans ma santé mentale et budgétaire. Aujourd’hui, avec tout ce que j’ai appris et grâce à mon entourage à la job, j’ai mon appartement, mon auto et ma carte de crédit. Oui, j’ai fait un bon bout de chemin », reconnaît-il.

Quelques tables de travail plus loin, on fait la rencontre de Julie Sirois. Cette employée journalière au démantèlement cumule 13 années d’ancienneté à son poste. Ce dernier est un véritable exutoire à ses yeux. « Ça me fait sortir de la maison. J’ai un but dans la vie », dit-elle avec le même aplomb qu’elle utilise pour démanteler les appareils sur sa chaîne.

Les techniques apprises à l’usine lui servent aussi dans la vie de tous les jours. « Je suis plus manuelle, observe-t-elle. Je peux réparer certaines choses à la maison, comme des ordinateurs ou bien mes consoles de jeu. »

La nature du travail éveille également quelque chose en l’employée âgée de 31 ans. « On récupère pratiquement toutes les pièces et on ne jette rien. C’est bon pour la planète et l’environnement. On sauve l’être humain. C’est notre avenir qui est en jeu », philosophe-t-elle.

« ON LES AIDE À DEVENIR PLUS AUTONOMES »

Directeur du développement stratégique et de l’environnement au Défi Polyteck, Pierre Morency est aux premières loges pour voir tout le chemin parcouru par les travailleurs de l’entreprise. « Non seulement on les embauche, mais on les accompagne, on les sécurise et on les aide à devenir plus autonomes », lance-t-il.

« On les aide aussi à repousser leurs propres limites, rajoute M. Morency. Je me rappelle certains d’entre eux, comment ils étaient timides au départ. Au fur et à mesure, ils ont réussi à développer leur sociabilité et leur confiance en eux. Ils se font des amis. Il y a même eu des couples qui se sont formés. C’est réellement fascinant. »

Ce modèle, prôné par le Conseil québécois des entreprises adaptées, pourrait être l’une des solutions au problème de pénurie de main-d’œuvre. « Il est temps qu’on aille chercher ces gens-là et qu’on leur donne la possibilité d’intégrer le marché du travail. Quand ils s’appliquent, ils sont extrêmement précis, studieux et ne manquent jamais une journée au travail. Et puis, avec la nature de notre entreprise, ils deviennent des gens qui participent à la lutte aux changements climatiques », énumère Pierre Morency.

JUSQU’À LA RETRAITE

Claude Masson aime tellement son travail qu’il souhaite le faire jusqu’à l’âge de sa retraite. « Je viens de fêter mes 56 ans, alors il ne me reste que neuf ans. J’adore l’ambiance ici. Quand je vois des jeunes arriver, je trouve ça l’fun de voir cette belle relève. En même temps, il ne faut pas trop que je me fasse pousser vers la porte de sortie », rigole-t-il, avant de retourner au travail.