Compensations : Marie-Claude Bibeau renouvelle les promesses, mais ne précise pas de date
Sous la pression des revendications, la ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire a réitéré l’engagement d’Ottawa à verser des compensations aux producteurs laitiers affectés par l’accord Canada–États-Unis-Mexique (ACEUM).
À la suite des concessions accordées dans les derniers accords internationaux, le gouvernement fédéral avait promis de payer des compensations à certains producteurs agricoles, notamment ceux des secteurs sous gestion de l’offre.
« Depuis notre annonce en août 2019, tous les producteurs qui en ont fait la demande ont reçu un chèque à partir du premier versement de 345 $ millions », a indiqué la ministre, faisant allusion au premier paiement. Selon le député de Berthier-Maskinongé, Yves Perron, ce premier versement pourrait être considéré comme « une promesse électorale » car les producteurs laitiers n’ont plus rien reçu depuis lors. Le porte-parole du Bloc Québécois en matière d’agriculture et d’agroalimentaire redoute une situation plus inquiétante avec la pandémie de COVID-19 et les incertitudes liées au déficit fédéral.
« Nous nous sommes fermement engagés à livrer des compensations pleines et équitables de 1,75 $ milliard sur 8 ans pour les producteurs laitiers, incluant des compensations cette année fiscale », a réitéré la ministre fédérale en direction de quelque 11 000 opérateurs.
« On a besoin d’une date, ils ont sacrifié les agriculteurs », conclut M. Perron, plaidant pour d’autres secteurs sous gestion de l’offre qui n’ont rien reçu. Il s’agit par exemple « des œufs de consommation, des œufs d’incubation, des producteurs de dindons et de poulets qui ont besoin de programme d’investissement pour se préparer à recevoir l’inéquitable compétition qui viendra de l’extérieur. »
Le ministère de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire se montre tout aussi soucieux de l’avenir des producteurs et du système de gestion de l’offre. « Il assure la viabilité de nos fermes familiales et la vitalité de nos régions rurales », plaide M. Bibeau. La députée de Compton-Stanstead note que « les compensations s’additionnent au programme d’investissement pour les fermes laitières, mis sur pied suite à la ratification du CETA et accompagné d’une enveloppe de 250 $ millions. »
Le déclin du système de gestion de l’offre
Depuis 1972, le système de gestion de l’offre devait protéger le milieu agricole canadien contre les industries étrangères en limitant les importations et en stabilisant les prix sur le marché local. Le volume de production est réglementé par des quotas visant à garantir un plancher de revenus pour les producteurs agricoles. Les productions assujetties à la gestion de l’offre sont le lait et ses produits dérivés, le poulet, le dindon, les œufs de consommation et les œufs d’incubation.
Dans le cadre des accords de libre-échange, les États-Unis ont obtenu un allègement des quotas d’exportation au détriment de la production locale. Ottawa dit avoir protégé la gestion de l’offre lors des négociations « en dépit des efforts américains visant tout simplement son démantèlement. » Pour aider les producteurs laitiers à gérer les surplus engendrés par la pandémie dit-il, il a « augmenté la capacité d’emprunt de la Commission canadienne du lait de 200 millions de dollars. » Lors d’une plénière houleuse en juin aux Communes, Marie-Claire Bibeau avait évoqué en guise de réponses, des discussions régulièrement menées avec les représentants des secteurs sous gestion de l’offre avec en prime la mise en place d’un compte d’urgence pouvant aller jusqu’à 670 millions de dollars.
Selon M. Perron, toutes ces mesures d’aide visent l’endettement des entreprises agricoles alors qu’elles ont besoin d’oxygène en urgence surtout en cette période de pandémie. Le député qui ne lâche pas le morceau a manqué à plusieurs reprises l’occasion d’introduire un vote sur la question à la Chambre des Communes. Avec la prorogation du parlement et le discours du trône, il devra peut-être tout recommencer.