Coaticook, un théâtre de plus de 1000 accidents

Plus de 1000 accidents sont survenus sur les routes de la région de Coaticook depuis sept ans, révèle une enquête inédite réalisée par TC Média à l’échelle provinciale.

Avec un total d’accidents qui se situe exactement à 1037, la ville de Coaticook, avec 8940 résidents (en 2012), a une moyenne de 16,57 accidents par tranche de 1 000 habitants. À titre comparatif, ce résultat se situe au-dessus de la moyenne du Québec (16,04), mais il demeure bien faible comparativement à la municipalité qui trône au sommet de ce palmarès, soit Mont-Tremblant. Avec ses 9 430 résidents et 2 millions de visiteurs annuels, Mont-Tremblay possède le plus haut taux d’accidents moyen des sept dernières années dans la Belle province, soit 34,48 accidents par 1 000 habitants.

Les municipalités de Joliette (31,29), Sainte-Agathe-des-Monts (27,71), Saguenay (27,30) et La Tuque (26,05) complètent le top 5.

Des données intéressantes et fiables, selon Jean-Marie De Koninck, président de la Table québécoise de la sécurité routière et professeur au département de mathématiques et de statistiques à l’Université Laval. «Il faut toutefois regarder les raisons et les circonstances. Il y a entre autres le tourisme et la présence de camions, pas parce que les camionneurs sont de mauvais conducteurs, mais bien parce que les accidents qui impliquent les camions sont généralement plus graves. Et il faut aussi avoir des données à long terme pour dégager une tendance, pas sur une ou deux années», explique ce dernier.

Routes à double sens, courbes prononcées, vieilles routes sont au nombre des facteurs qui peuvent expliquer que certaines municipalités aient un lot d’accidents plus élevé, fait valoir M. De Koninck. «La route du Nord, qui mène à la Côte-Nord, est bien connue comme étant une route dangereuse. Il y a beaucoup de camions, des courbes, une route qui se rencontre. Les automobilistes sont victimes de ça. C’est une situation parfaite pour être le lieu d’accidents», illustre-t-il.

Reconnue pour être un haut lieu de collisions au Québec, Montréal se retrouve au 107e rang (sur 180) avec un taux de 13,51 accidents par 1 000 habitants, soit loin derrière la ville de Québec, qui arrive au 59 e rang du palmarès de TC Média, avec une moyenne de 19,58 accidents par 1 000 habitants.

Reste que la métropole est, en nombre absolu, le territoire où il se produit le plus d’accidents. Entre 2006 et 2012, pas moins de 164 152 accidents sont survenus à Montréal.

Sans surprise, Québec (71 533), Laval (35 106), Gatineau (31 383), Saguenay (27 478), Trois-Rivières (21 139), Longueuil (21 054), Sherbrooke (18 852) et Lévis (18 103) complètent le top 10 du plus grand nombre de collisions.

À l’inverse, c’est à Pointe-Calumet, dans les Laurentides, que l’on dénombre le moins d’impacts (138) en sept ans. Dans l’ensemble des municipalités de moins de 5000 habitants au Québec, on a dénombré, entre 2006 et 2012, un peu plus de 170 000 collisions.

Du côté des collisions mortelles, c’est à Princeville, dans le Centre-du-Québec, qu’il y a eu le plus de décès par habitant entre 2006 et 2012. Pas moins de 17 personnes ont perdu la vie en sept ans dans cette municipalité de 5 650 âmes, soit une moyenne de 0,4 décès par 1 000 habitants. Du côté de Magog, 8 décès sont survenus durant cette période, soit une moyenne de 0, 04 mort par 1 000 habitants. Au total, il y a eu 732 personnes qui ont subi des blessures dans un accident de la route sur le territoire magogois.

Des lieux accidentogènes

Depuis quelques années, le MTQ publie annuellement une liste des sites à potentiel d’amélioration. Seulement pour cette année, une quarantaine d’endroits ont été ciblés, dont la route 117 en Abitibi, la 185 à Dégelis, dans le Bas-Saint-Laurent et la route 148 à Pontiac en Outaouais. Le but? Améliorer le bilan routier. «Un site à potentiel d’amélioration est un site à dimension restreinte qui a été le lieu d’accidents mortels, d’accidents graves ou d’un nombre anormalement élevé d’accidents qui peut être réduit de manière efficace par l’intervention sur l’infrastructure», mentionne Sarah Bensadoun, porte-parole du MTQ. Pour l’année 2012-2013, le ministère a investi plus de 276M $ dans la réalisation de projets qui visent la correction des sites à potentiel d’amélioration, précise Mme Bensadoun.

Cette dernière explique que pour déterminer ces endroits, «le ministère doit localiser précisément tous les accidents qui sont survenus sur son réseau et qui ont fait l’objet d’un rapport de police. Concrètement, les analyses tiennent compte de plusieurs facteurs, dont le débit de circulation, le type d’infrastructures, la vitesse, le type de milieu et la topographie des lieux. Pour quantifier le niveau de risque d’un site, le MTQ regarde trois critères : la gravité, la fréquence et le taux d’accidents», poursuit Mme Bensadoun.

Jean-Marie De Koninck note toutefois que la responsabilité revient aux conducteurs, pas à la SQ, à la SAAQ ou au MTQ. «Le responsable, c’est soi-même. Il ne faut pas consommer d’alcool, ne pas s’endormir, ne pas utiliser de cellulaire au volant. Il faut aussi savoir dans quoi on s’embarque. Je ne conduirais pas sur la route du Nord le soir ou la nuit. Le risque d’accident est plus fort», cite-t-il en exemple.