Chien guide: un Dixvillois sourd et aveugle demande plus d’aide au gouvernement

CHIEN GUIDE. Marc-Rémi Roussin se permet une critique sévère envers le gouvernement. Ce Dixvillois sourd et aveugle de 71 ans a de la difficulté à comprendre pourquoi certains des programmes auxquels il a droit n’ont pas été indexés depuis plusieurs années, voire même des décennies. Propriétaire de trois chiens-guides depuis 1993 qui l’ont accompagné, tour à tour, dans ses déplacements quotidiens, M. Roussin croit injuste de recevoir les mêmes montants, années après année, alors que le coût de la vie ne cesse de grimper. «À mon avis, c’est un non-sens. C’est complètement aberrant», peste-t-il. À titre d’exemple, ce résidant de Dixville a présenté ses papiers d’adoption de son chien Novak, un Labernois au pelage noir. Lorsqu’il l’a reçu, M. Roussin s’est aussi fait offrir un montant forfaitaire de 210 $, le même qu’à l’acquisition de son premier animal de soutien. «Ça n’a jamais été indexé depuis 1984, soutient-il. Cette portion ne me dérange un peu moins, puisque c’est la Fondation Mira qui nous offre le chien. C’est un cadeau qu’on reçoit. Au total, un chien du genre, entraîné, ça peut coûter jusqu’à 34 000 $.» Le deuxième volet fait «plus mal», aux dires du principal intéressé, qui a pu répondre aux questions du journaliste grâce à ses deux appareils, sans lesquels, il n’aurait rien pu entendre. «Je reçois 1028 $ par année, le même montant depuis 1996, mentionne-t-il. Jamais une cenne de plus.» «Je me suis fié aux taux d’indexation de la Régie des rentes du Québec et, si on compare, ça ferait un retard de 153 %», s’indigne-t-il. Ses dépenses réelles pour l’entretien de son chien-guide, sa nourriture et ses visites chez le vétérinaire lui coûtent entre 2200 $ et 2300 $ par année. «Et il ne faut pas qu’il y ait de mauvaises surprises ou de maladies trop graves, car, ça peut augmenter rapidement.» Sa sortie, il la fait non pas pour lui, mais plutôt pour les bénéficiaires de ce programme qui n’ont peut-être pas les mêmes moyens. «Malgré mes handicaps, j’ai quand même eu la chance de travailler durant ma vie active, raconte l’ex-agronome. Les personnes qui font partie de ce programme vivent souvent près du seuil de la pauvreté. Elles n’ont pas besoin de s’endetter pour prendre soin de leur animal.» «Mon chien me sauve la vie» Marc-Rémi Roussin est bien heureux de compter sur la présence de ses chiens-guides, dont son plus récent animal, Novak, qu’il a accueilli en décembre dernier, quelques mois après la mort de son autre compagnon. «Ils sont mes yeux, rappelle-t-il. Un chien-guide comme Novak, c’est indispensable pour moi. Il me porte aussi compagnie dans mes déplacements et permet à ma conjointe d’être moins inquiète lorsque je quitte pour certains rendez-vous.» Malgré ses handicaps, M. Roussin croit être capable de mener une bonne vie. «J’ai perdu la vision au début des années 1990, se souvient celui qui est aux prises avec le syndrome de Hudson. J’ai travaillé, j’ai fait mon cheminement dans la vie. Et je remercie le fait que mon cerveau va bien et que j’ai encore toute ma mémoire.» Des appareils lui permettent d’entendre les différentes conversations autour de lui. Quant à sa vision, son œil droit est mort depuis plusieurs années. «Pour ce qui est de mon œil gauche, je ne vois qu’un dixième d’un degré. Lors d’une journée ensoleillée, c’est comme si quelqu’un avait passé un rouleau de peinture blanche sur mon visage. Je n’y vois rien. J’aime mieux me déplacer lorsqu’il fait plus sombre.» Une autre dénonciation Souffrant d’un double handicap, Marc-Rémi Roussin est l’une des douze personnes à être sourde et aveugle en Estrie. Le programme surdité et cécité lui permet d’embaucher des gens pour l’accompagner dans ses déplacements de la vie quotidienne. Selon ses dires, ce programme n’a pas, lui aussi, été indexé depuis 2007. «Techniquement, je reçois entre huit et dix heures d’aide par mois, qui me sont accordées par le Centre de réadaptation de l’Estrie, explique le septuagénaire. Si je calcule, ça ne fait que 8 $ l’heure pour la personne qui m’accompagne, ce qui est bien en deçà du salaire minimum. J’aimerais être en mesure de mieux rémunérer les gens qui viennent m’aider. Ce sont souvent des amis et ils me disent que ça ne leur dérange pas, qu’il faut s’entraider, mais quand même, ça me dérange. Je demeure à Dixville, alors si j’ai un rendez-vous du côté de Sherbrooke, on parle quand même d’un aller-retour d’une centaine de kilomètres. Si on paie l’essence, ça ne lui laisse pas beaucoup d’argent pour son « salaire ».»