«Ç’a été l’une des décisions les plus difficiles à prendre»

COATICOOK. Affligé par un problème de santé visuelle, le conseiller municipal coaticookois, Luc Marcoux, est contraint d’abandonner la vie politique. «Cette décision, je ne l’ai pas prise de gaieté de cœur et ç’a été l’un des choix les plus difficiles que j’ai eu à faire au cours des sept dernières années.»

Son retrait de la vie publique, M. Marcoux le prépare depuis tout près de deux ans. «Ma situation s’est détériorée drastiquement à la fin des célébrations du 150e anniversaire de notre ville, lance-t-il. Au point où j’ai réalisé que je ne pouvais même plus conduire, tellement ma vision était affectée.»

Sa situation ne s’est cependant pas développée du jour au lendemain. Il faut d’abord remonter en 1993 pour bien comprendre le tout. «C’est là qu’on a détecté un glaucome présent dans mes deux yeux. À l’époque, j’étais encore militaire. Ç’a créé un peu de turbulence, mais étant peu familier avec cette condition, j’ai poursuivi ma carrière. Je n’étais pas en position pour obtenir un suivi adéquat, vu  mon déploiement à différents endroits un peu partout dans le monde. C’est seulement depuis mon retour qu’on a pris ça en mains.»

Depuis, Luc Marcoux est passé sous le bistouri à une douzaine de reprises, dont quatre interventions ont été pratiquées au cours des deux dernières années. «J’aurais aimé que ça se passe autrement, mais j’en suis arrivé au point où je ne vois pratiquement plus rien. Lire un document, qu’il soit en papier ou à l’ordinateur, est devenu impossible pour moi. C’est aussi un peu pour cette raison que je suis un peu moins actif dans la communauté depuis quelque temps. Pour être franc, je ne vois même plus les gens. Je ne vois que des silhouettes. Je ne fais que les reconnaître si je tombe sur un indice ou si je reconnais un ton de voix qui m’est familier. Des gens m’ont même fait remarquer que j’étais devenu pas mal snob et indépendant parce que je ne les saluais plus. La vérité, c’est que je ne les vois tout simplement plus», raconte-t-il, un brin de tristesse dans la voix.

L’élu coaticookois aurait bien voulu se rendre jusqu’à la fin de son présent mandat, en novembre 2017, mais sa situation ne lui permettait plus. «Ça m’a littéralement torturé. J’avais l’impression de lâcher prise en pleine mission. Effectuer mon travail d’élu me prenait maintenant trois ou quatre fois plus de temps et, par le fait même, il n’était pas aussi bien fait que je ne l’aurais souhaité. Je n’étais plus capable de jouer mon rôle correctement. Ça me ronge, et ça va probablement me ronger encore longtemps, mais j’ai finalement pris la décision de me retirer, question d’être juste envers les citoyens.»

De grands souvenirs

Luc Marcoux a siégé au conseil municipal de Coaticook pendant sept ans. Durant ce temps, il aura piloté de nombreux dossiers, mais l’un de ceux-ci l’aura grandement marqué.

Janvier 2014, le ruisseau Pratt sort de son lit, un incendie rase un immeuble du centre-ville et on procède à la démolition d’autres bâtiments en raison de la catastrophe naturelle. «Ç’a été une période très mémorable, mais très triste à la fois. En tant que maire suppléant, il n’était pas question que je ne sois pas là. Ayant été exposé à des situations semblables par le passé, j’amenais une certaine expérience sur la table. Mais, ce qui m’a frappé le plus, ce sont les gens qui ont été affectés par cette crise et leur énorme tristesse. Ç’a été difficile par bout.»

Le conseiller municipal retire toutefois quelques leçons de ce passage. «Le ruisseau Pratt est maintenant plus sécuritaire, même si ça ne veut pas dire que ça n’arrivera plus jamais. La nature, on ne la contrôle pas vraiment», rajoute-t-il.

À titre de responsable des dossiers culturels lors de son premier mandat à l’hôtel de ville, M. Marcoux dit avoir aimé travailler avec les gens de cet univers. «J’ai toujours cru bon d’inviter la population à regarder ce qu’on lui offrait et je crois que ç’a porté fruit. On a noté un beau progrès», raconte celui qui est déjà monté sur les planches à titre de comédien et de choriste.

Tourné vers l’avenir

Même s’il ne sait pas ce qui lui arrivera au cours des prochaines années, M. Marcoux demeure tout de même optimiste. «Il va falloir que je me garde occupé, dit-il d’un ton moqueur. Ce sera une grande période d’adaptation. Je vais me concentrer sur ma famille, en particulier ma conjointe et mes enfants, mais aussi sur mes parents et mes frères.»

Le 31 octobre prochain, il franchira les portes de l’hôtel de ville de Coaticook une dernière fois en tant que conseiller municipal. Qu’est-ce qui lui manquera le plus? «Les gens, et pas seulement ceux de l’hôtel de ville. J’ai toujours aimé m’impliquer dans la communauté. Et, par chance, des bénévoles et des passionnés, il y en aura toujours à Coaticook. C’est grâce à eux que nous avons une ville aussi dynamique. En même temps, ce sera très difficile de dire non lorsqu’on m’approchera», conclut-il.