Biobon s’apprête à jouer dans la cour des grands

COATICOOK. Présentement distribué aux quatre coins du Québec, le végé-pâté de Biobon pourrait bientôt apparaître dans les assiettes de gourmands des autres provinces du Canada. Pour arriver à répondre à la demande et, surtout, aux normes des organismes fédéraux, l’entreprise de Coaticook entame ces jours-ci d’importants travaux de réaménagement à son usine de la rue Roger-Smith.

Les démarches pour exporter son produit-phare ont débuté il y a de cela quelque temps. «Ce qu’on cherche, c’est d’obtenir des contrats avec des chaînes d’hôtellerie, de restauration et dans certaines institutions, mentionne la présidente et directrice générale de Biobon, Pasquale Beauvais. C’est un monde qui n’est vraiment pas facile à percer.»

«On a eu de l’aide dans nos démarches, poursuit-elle. On travaille avec un courtier qui a réussi à développer ce marché. Là, ça va super bien. On a été cherché de gros clients, comme GFS, Cisco, Ferme Lufa et Good Food.»

Pasquale Beauvais est présidente et directrice générale de Biobon.

Afin que leurs produits puissent être envoyés dans d’autres provinces, l’endroit où on les confectionne doit répondre à des normes du gouvernement fédéral. «Une spécialiste nous a fait un rapport sur certaines choses que nous devions changer. Par exemple, nos drains de plancher doivent être refaits, car le plancher est égal. Il doit y avoir une certaine pente pour que l’eau s’y rende naturellement sans être stagnante. Il faudra utiliser un autre type de recouvrement pour nos planchers dans nos salles de lavage et de préparation d’aliments. Celui-ci est pas mal plus dispendieux que ce qui a été installé à l’origine», explique le contrôleur financier de l’entreprise, Lahbib Aissaoui.

Les travaux doivent être faits selon un échéancier relativement court, soit d’ici la mi-juillet. Pourquoi cette urgence? «Si on n’est pas capable de répondre aux normes, nos distributeurs vont nous larguer, car ils ne seront pas capables de nous sortir du Québec. On va perdre de gros clients pour lesquels on a travaillé fort», soutient Mme Beauvais.

Le projet total, qui s’accompagne d’une facture frôlant les 400 000 $, comprend aussi l’achat de nouveaux équipements. «On est confiant d’aller chercher des partenaires pour nous aider dans nos démarches. On a fait nos devoirs», confie M. Aissaoui.

Vers des boulettes Biobon

Les boulettes à base de protéines végétales, comme celles proposées par la compagnie «Beyond Meat», sont fort populaires. Avant que la vague n’apparaisse, Pasquale Beauvais y avait pensé. «L’entreprise commençait à grandir et je m’occupais un peu plus de la paperasse et de la gestion. J’avais alors laissé de côté le développement de nouveaux produits. Je regrette un peu de ne pas avoir foncé dans ce segment de marché.»

En affaires, il ne faut jamais répéter deux fois les mêmes erreurs. Voilà pourquoi un plan de relève a été mis en place par Biobon. Celui-ci verra l’actuel contrôleur financier de l’entreprise grimper les échelons pour éventuellement s’occuper de la direction générale. Mme Beauvais délaissera ainsi ces fonctions pour s’occuper du volet recherche et développement. «Lahbib et moi formons un bon tandem. Il adore les chiffres, tandis que moi, je suis plus créatrice et portée à développer de nouveaux produits.»

Dans un monde où de plus en plus de gens cherchent des alternatives aux protéines animales, Biobon saura faire sa place, croient ses dirigeants. «Comme il commence à y avoir pas mal de joueurs dans ce secteur, il faudra tirer notre épingle du jeu. Je pense qu’on peut y arriver en offrant des produits qui se démarquent. Si on regarde la liste des ingrédients de certains, on se rend compte qu’ils utilisent des substances qu’on ne connaît pas et qu’on a même de la difficulté à prononcer. Ce ne sera pas notre cas», promet Pasquale Beauvais.