Trouver l’amour sur le web… et en Afrique

COATICOOK. À l’ère des médias sociaux, les sentiments amoureux n’ont plus de frontières. Demandez-le à Sonia Quirion, qui s’est récemment mariée sur le continent africain, après avoir été interpellée par son mari sur Facebook… par pur hasard. Récit d’une histoire d’amour qui souhaite éliminer les tabous entourant certaines arnaques du web. Octobre 2017. Sonia Quirion reçoit une demande d’amitié sur le populaire réseau social d’un dénommé Amadou Dia. «Je suis tout de suite allée voir sa page et je me suis vite aperçue que je n’avais aucun lien avec lui, du genre aucun ami en commun. Ç’aurait pu sentir l’arnaque. On connaît tous quelqu’un qui a reçu un message d’un veuf ou d’une personne qui a créé sa page Facebook il y a une quinzaine de minutes et qui n’a seulement qu’une photo de profil. Toutefois, j’ai pu observer que c’était un vrai profil et j’ai démarré la conversation en lui demandant pourquoi il m’avait écrit.» Sa réponse: «Il a toujours rêvé d’avoir une amie blanche et en entrant quelques lettres au hasard, mon nom est apparu», lance de façon joyeuse Mme Quirion. Les conversations sur Facebook et Skype sont ensuite devenues quotidiennes. Tout allait relativement bien, jusqu’à ce qu’une de ses amies vienne semer un petit doute dans son esprit. «Elle s’était mariée à un Sénégalais qu’elle avait rencontré via un site de rencontres internet. Après cinq mois, c’était terminé. Elle dit que c’était une arnaque, mais je pense plutôt que son arrivée au Québec a été un choc et que c’est pour ça que ça n’a pas fonctionné. Néanmoins, je me suis remise en question, car il y avait toujours une petite partie de moi qui était toujours un peu réticente au départ.» Ce doute s’est dissipé lorsqu’elle a rencontré la cousine de son futur époux, qui est établie à Montréal, et l’une de ses amies à Lévis, près de Québec. «Depuis ces rencontres, où elles m’ont réconfortée dans mon choix j’ai décidé de m’envoler pour l’Afrique et aller le rencontrer.» Premier voyage en février «Je me suis dit que si ça ne fonctionnait pas, ça ne serait pas plus grave que ça», admet la principale intéressée au sujet de son premier périple en Guinée. En février dernier, elle a été accueillie à l’aéroport par celui qui allait devenir son beau-père avec une pancarte «Sonia du Canada» pour qu’elle puisse le reconnaître. Puis, la rencontre vint et ce fut le coup de foudre, un deuxième, si on veut, car les charmes de l’Africain ont aussi opéré via les ondes virtuelles. «Ç’aurait pu ne pas cliquer, admet-elle. Mais quand je le revois, habillé de sa chemise bleu et blanc. Il dégageait une si belle énergie. Je savais que ça allait être une belle personne.» Son premier périple en sol africain a duré deux semaines. Elle a pu rencontrer la famille d’Amadou, un clan moyennement aisé qui, dit-elle, a rénové une partie de leur résidence pour être dans ses bonnes grâces. De retour au Canada, les sentiments se font de plus en plus intenses. La Coaticookoise confirme son amour et souhaite unir sa destinée à celle de l’Africain. «Dans toute cette histoire, jamais je n’ai senti de pression de sa part, car, pour lui, il était clair qu’il voulait se marier. J’étais tellement en amour [et elle l’est encore à ce jour!] que j’ai accepté. C’est drôle, car je ne me suis jamais attardée au concept du mariage qu’avant l’âge de 40 ans, avoue celle qui est maintenant âgée de 42 ans. J’ai été déçue par deux relations que j’ai eues dans ma trentaine, alors ça m’a pris du temps à m’ouvrir de nouveau à une autre personne.» Avant de retourner en Guinée une seconde fois pour s’y marier, Sonia a dû l’annoncer à ses parents. «J’avais un peu peur de leur réaction. Ce sont de traditionnels Coaticookois. Ils se sont rencontrés à la salle à Médé et ils sont ensemble depuis 42 ans. A priori, ils ont été « shakés » par la nouvelle, mais je pense qu’ils l’acceptent maintenant. La seule chose que ma mère m’a dite, c’est: « es-tu sûre? ». Je n’ai jamais été aussi décidée.» En octobre dernier, le mariage a donc eu lieu devant tout près de 200 personnes dans une petite municipalité de Guinée. «Là-bas, plus une personne est appréciée, plus les gens seront nombreux à son mariage. Les gens étaient vraiment très fiers. Autre chose qui m’a rassurée, c’est lorsque son père m’a dit que s’il n’était pas gentil envers moi, de leur dire. Ça fait partie des traditions que les aînés veillent sur leur descendance.» Des réactions positives Quelques jours après s’être mariée, Sonia Quirion l’a annoncé publiquement sur les réseaux sociaux. «Je l’avoue, j’avais un peu peur des réactions. En même temps, je voulais quand même partager cet heureux moment de ma vie. Je n’ai eu que des commentaires positifs. C’est certain aussi qu’en publiant des photos, ça aide. On le voit. On est amoureux.» Prochaine étape: obtenir un statut afin qu’Amadou puisse vivre au Canada. «Ça va prendre au moins un an avant que l’Immigration ne s’attarde au dossier. C’est énormément de paperasse. Il faut prouver que notre amour est véritable.» D’ici là, Sonia entend retourner en Guinée en avril prochain. «Ce qui sera le plus difficile, ce sera son intégration une fois la demande acceptée. Ce sera très certainement un choc pour lui, mais j’ose espérer qu’il saura relever le défi.» Avec des études en droit international, il souhaite décrocher un boulot en administration ou bien en informatique. «Pour débuter, je le verrais très bien en service à la clientèle. Il est tellement sociable», rigole celle qui dit l’aimer encore plus de jour en jour.