La ferme Les Broussailles se trouve un nouveau toit à Martinville

MARTINVILLE. Octobre 2020. Les propriétaires de la ferme Les Broussailles de Martinville reçoivent une mauvaise nouvelle. Leur voisin qui leur louait des terres résilie l’entente. Ce qui aurait pu mettre un terme à leur production s’est plutôt transformé en une nouvelle ère pour cette fromagerie artisanale.

«Lorsqu’on a appris la nouvelle, ç’a été une onde de choc, confirme l’une des copropriétaires de l’entreprise, Julie Labrecque. Ç’a été très difficile pour Jean-François [Clerson] et moi, car on se retrouvait devant le fait qu’on n’avait plus accès à ces terres. Le propriétaire nous louait une vingtaine d’acres et c’était tout à fait dans ses droits.»

Avec la collaboration d’un autre propriétaire, ces agriculteurs ont pu poursuivre certaines de leurs activités, eux qui étaient tout de même propriétaires de la chèvrerie, de la fromagerie et de la maison. «Il y a eu un temps où on devait se faire livrer du foin, puisqu’on n’avait plus accès aux terres pour le produire», explique Mme Labrecque.

Une recherche avec des organismes comme l’ARTERRE et des élus de la région ont permis de trouver un nouvel endroit, situé à quelques kilomètres de l’emplacement actuel du chemin Bulwer. «C’est le maire de Martinville et le conseil municipal qui nous ont mis au parfum. L’endroit appartenait à une dame un peu plus âgée et ils avaient entendu qu’elle serait peut-être prête à vendre. On l’a rencontrée et on lui a exposé notre problématique. Finalement, la vente s’est conclue en août dernier.»

La ferme Les Broussailles possède un troupeau d’une quarantaine de chèvres.

«On est vraiment heureux, car l’idéal, c’était de rester dans la région de Coaticook. On était prêt à aller dans des municipalités limitrophes, mais comme notre clientèle se retrouve ici et près de Sherbrooke, c’était pas mal mieux de trouver quelque chose ici même», poursuit-elle.

UN PETIT CHOC POUR LES ANIMAUX
Bien avant le grand déménagement, les copropriétaires ont débuté la construction d’une toute nouvelle fromagerie de 1600 pieds carrés, en juillet dernier. Les animaux ont ensuite suivi quelques mois plus tard. Selon Julie Labrecque, les chèvres ont ressenti un petit choc en découvrant leur nouvel habitat. «Les chèvres sont des animaux hyper sociables. Il est facile de comprendre leurs émotions. Quand nous sommes déménagés, elles ne savaient pas trop où elles étaient. Tous les jours, quand on allait les nourrir, dès qu’on entrait, elles commençaient à bêler. C’est comme si elles me demandaient quand elles allaient revenir à la maison. Là, on y va, et elles sont très tranquilles. Ç’a été quelques jours d’adaptation.»

Le nouvel environnement est donc plus grand, ce qui permettra aux producteurs de pouvoir faire vieillir une plus grande quantité de fromages de chèvre. «On était un peu plus limité au premier emplacement, note Mme Labrecque. La seule chose qu’il va rester à tester, c’est l’endroit où vieilliront nos fromages. On en a parlé à Simon-Pierre [Bolduc], de la fromagerie La Station, et il nous a dit de porter une attention particulière à ce procédé. Comme on est dans un nouvel endroit, il se peut que l’humidité ne se déplace pas de la même façon, même chose pour la température qui peut être un peu plus difficile à régler. On pense que tout sera relativement semblable et il qu’il sera possible de garder les mêmes recettes.»

SUR LA ROUTE FROMAGÈRE
Depuis quelques années, la ferme Les Broussailles se retrouve sur un circuit touristique appelé Les Têtes fromagères. «Étonnamment, cela nous a amené beaucoup de clientèle. On dit que c’est étonnant, car nous ne sommes pas situés sur une route très passante. Force est d’admettre qu’il y a une clientèle pour ce genre de circuit.»

Question de développer cette même clientèle, la ferme ouvrira un kiosque libre-service dès l’été prochain, pour les heures où la boutique ne sera pas ouverte. «On est resté près de 10 ans en Suisse et ce concept était fort populaire. On voyait des producteurs de fleurs ouvrir leurs champs ou encore des producteurs de miel offrir leurs pots en vente libre. Ça fonctionne et je suis très heureuse de voir le concept s’implanter tranquillement au Québec. C’est aussi une belle façon de contrer le problème de pénurie de main-d’œuvre.»

Les nouvelles installations de la ferme Les Broussailles seront officiellement inaugurées un peu plus tard ce printemps. Les visiteurs pourront ainsi découvrir le nouvel espace doté d’un terrain de plus d’une centaine d’acres.