Fundus Fungus rêve de devenir la plus grande ferme de champignons au Québec

MARTINVILLE. Dans un passé pas si lointain, Paul Roberts était chef dans de prestigieux restaurants au Québec ainsi qu’en Angleterre. Aujourd’hui, on le retrouve aux commandes de Fundus Fungus, une entreprise agroalimentaire située aux limites de Martinville, qui deviendra bientôt la plus grande ferme de champignons de la province.

«En cuisine, on se sacrifie beaucoup et, malheureusement, c’est notre famille, nos amis qui écopent. J’ai donné tout ce que j’avais à donner dans ce domaine. Je recherchais un équilibre et le secteur agroalimentaire a pu me l’offrir», raconte d’entrée de jeu M. Roberts avec un accent britannique prononcé.

C’est ainsi qu’il vend le restaurant dont il était le propriétaire à Montréal pour se lancer dans un nouveau domaine. «Au départ, je pensais faire pousser des courges ou de l’ail, mais je me suis vite rendu compte qu’il y avait plusieurs fermes du genre dans la région. Je me suis vite retourné vers les champignons. Je trouvais que ça sortait de l’ordinaire et que c’était unique. J’ai fait mes recherches et je suis tombé sur une entreprise en Colombie-Brittanique du nom de « What The Fungus ». En 2017, j’ai passé deux semaines là-bas en formation intensive et j’ai appris les bases du développement d’une ferme de champignons « low tech » [sans l’apport de trop de technologie].»

Plan d’affaires en mains, Paul Roberts est allé chercher de l’aide financière et technique auprès des instances de la MRC de Coaticook et du Haut-Saint-François (son entreprise étant à cheval sur les deux territoires). Il lance son entreprise en 2018 sans tambour ni trompette. «J’avais installé des abris tempo et je me suis vite rendu compte que ce n’était pas la meilleure idée, rigole-t-il en se souvenant de cette période. Ils ont rapidement été emportés par le vent.»

La production se fait maintenant à l’intérieur de larges conteneurs d’expédition ainsi qu’en forêt grâce à des installations faites en bois. «Ma production augmente chaque année et on a trouvé notre rythme de croisière. En haute saison, on peut produire jusqu’à 800 livres par semaine, ce qui est beaucoup. On compte aussi 13 variétés», dit-il.

Aller vers le consommateur

Durant la pandémie reliée à la COVID-19, Paul Roberts a voulu changer quelque peu son modèle d’affaires, voulant rejoindre les consommateurs d’une nouvelle façon. En collaboration avec ses collègues de l’Abri végétal, de la ferme des Broussailles et la boulangerie Quivit, il crée les paniers Locavore. «On vient livrer des produits frais aux gens. On a connu beaucoup de succès. On est allé rejoindre une centaine d’abonnés. C’était aussi une façon de s’allier avec d’autres produits, comme le fromage et le pain, puisqu’on n’a pas toujours besoin de champignons toutes les semaines.»

«S’il y a quelque chose de bien à retenir de cette pandémie, c’est le fait que les gens font attention de plus en plus à la provenance de ce qu’ils mettent dans leur assiette», lance M. Roberts.

Producteur invité du Marché de soir de Compton, Fundus Fungus attirait certainement les regards. «Ces champignons sont-ils comestibles? Cette question-là, je l’entendais chaque semaine. Les gens étaient aussi impressionnés de la beauté des champignons. Ils comparaient ça à un beau bouquet de fleurs.»

Tourné vers l’avenir

L’entreprise a un plan clair pour la prochaine année. Elle veut construire une serre de plus de 7000 pieds carrés, ce qui fera de Fundus Fungus la plus importante ferme de champignons de la province. «On plantera aussi notre propre soja, notre avoine et notre paille.»

Paul Roberts dit être bien fier de son choix de s’être relocalisé dans la région de Coaticook. «L’agroalimentaire est très important ici. On sent une réelle collaboration entre les entreprises et je souhaite poursuivre mon implication encore longtemps.»