François Landry vise haut après 80 km

COURSE À PIED. Le coureur de 44 ans qui a récemment relevé un défi de 80 km pour la Fondation Christian Vachon nourrit d’autres rêves au-delà des frontières canadiennes pour amorcer sa retraite.

Son exploit force l’emballement sans ébranler sa modestie. Il a réalisé un aller et retour entre Sherbrooke et Coaticook sur une distance de 80 kilomètres en 6 h 5 min. «Ce parcours m’a permis de sortir de ma zone de confort, dit-il, et d’aider la Fondation Christian Vachon à collecter les fonds pour venir en aide aux jeunes.»

Pas si simple. Le candidat se souvient de chaque période creuse de l’épreuve qu’il a dû combler d’un mental de fer. «À partir de 60 km, je sentais mon corps moins agile, avec une sensation d’épuisement généralisé», se rappelle-t-il, décrivant une difficile première fois dans une zone inconnue.

François Landry a bravé des séances d’entraînement quotidien et une demi-douzaine de marathons sans jamais dépasser les 50 km. Pourtant ce 24 mai, s’arrêter n’était pas une option, surtout pas devant la maison familiale de Coaticook, ses frères et sœurs ou «sa blonde» dont l’attente l’a davantage dopé.

L’athlète la décrit comme si elle était seule au ravitaillement du parc Denis Marcoux. «On parle de persévérance en milieu scolaire, mais c’est dans la vie en général», conclut l’éducateur pour simplifier les choses. Lundi est le seul jour de repos du quadragénaire qui prend même souvent le luxe d’avoir deux séances d’entraînement par jour. La musculation n’étant pas en reste. Il doit cette constance au groupe qui lui a mis le pied à l’étrier en 2016.

«Je n’ai jamais pensé à courir»

François Landry a une culture du hockey et du baseball. L’effet de groupe lui a imposé le marathon et la fidélité au Road Dogs de Sherbrooke. «Les partenaires permettent de remettre les choses en perspectives», explique-t-il.

C’est une vieille équipe de coureurs qui prennent plaisir à se réunir pour s’entraîner en compagnie de quelques anciennes machines de courses. On y trouve des bêtes de piste comme Francis Laliberté qui a réalisé un chrono de 2 h 38 l’année dernière.

François y a été recruté par Dr Vincent Caldwell qu’il considère comme son mentor. Ce vétérinaire de la cinquantaine qui a souvent franchi en premier les lignes d’arrivée de Coaticook sans coup férir, fut un abonné d’Ottawa et un inconditionnel de Boston et partout ailleurs où il a hissé le drapeau canadien.

Son poulain surmonte bien ce qu’il considère comme les 2 barres psychologiques d’un marathonien : parcourir la distance des 42 kilomètres en moins de 3 heures et maintenir une vitesse de moins de 4 min/km.

François Landry a du souffle pour son destin. Son premier marathon à Ottawa en 2016 l’a qualifié pour Boston l’année suivante et depuis lors il vise le sommet.

Et pourquoi pas les 160 km de la Western States ?

Le Coaticookois considère l’environnement immédiat comme une source de motivation dont il puise un riche supplément auprès de quelques spécialistes en Estrie. Il est aussi habité par des causes humanitaires dont la plus récente lui a inspiré l’initiative des 80 kilomètres : «Plus jeunes, on n’était pas très fortuné, on a reçu de l’aide et donc, challenger me permet d’en redonner.»

Chicago en octobre 2020 est son principal objectif de l’année. En attendant le marathon de plus en plus incertain du fait de la Covid-19, François Landry devra se contenter des 5 ou 10 km cet été. Il nourrit également l’objectif de «briser la barrière des 2 h 30» à Berlin l’année prochaine.

Un peu plus loin dans ses rêves, figure en bonne place la Western States, la plus ancienne course de 160 kilomètres au monde. «Pour la cinquantaine, j’aimerais me lancer», projette M. Landry qui n’a rien perdu de son métier de base en centre de jeunesse.

«J’aimerais aussi encadrer les jeunes dit-il, pour leur apprendre qu’on n’accomplit rien tout seul, il faut savoir s’entourer et partager le succès.»

Pourtant le père de Marité et Flora, respectivement âgées de 16 et 14 ans, ne leur impose guère sa passion. Même s’il est convaincu que des prodiges comme le Kenyan Eliud Kipchoge qui est passé sous la barre des 2 heures au marathon à Vienne l’année dernière, sont des modèles de discipline et de modestie qui inspirent énormément. (Le Progrès de Coaticook)