Lise Bertrand et Claudia Avilan: deux Coaticookoises aux parcours parsemés de force

COATICOOK. Au premier regard, Lise Bertrand et Claudia Avilan ont bien peu en commun. L’une est éducatrice spécialisée et mère d’un jeune adulte lourdement handicapé, tandis que l’autre est arrivée de Colombie au Québec vers la fin des années 1980. À travers leurs récits, on retrouve une grande force, ce trait de caractère qui a su aider ces deux femmes dans leur parcours.

Originaire d’Amérique du Sud, Claudia Avilan a eu quelques doutes par rapport à son départ vers un pays aux mœurs différentes du sien. Finalement, celle qui a aujourd’hui 58 ans s’est fort bien débrouillée. «On m’a ouvert facilement les portes, dit-elle avec un petit accent latin à travers un français presque impeccable. Je pense que le succès de mon intégration est passé par l’apprentissage de la langue, mais surtout par mon implication dans différents groupes.»

Son implication s’est d’abord traduite par sa participation aux cuisines collectives du Centre d’action bénévole de la MRC de Coaticook. «Ç’a été ma première forme de socialisation. Ça m’a permis d’apprendre à maîtriser le français et la culture d’ici à partir de la cuisine.» D’ailleurs, son pâté chinois, qu’elle a modifié en y ajoutant des épices de son pays d’origine et une couche de fromage, en est un bel exemple.

De bénévole, elle est devenue employée de l’organisme de la rue Cutting. «J’étais coordonnatrice des services alimentaires. Je m’occupais des dépannages et de la popote roulante. Ce travail a été très important pour moi. Il m’a permis de rencontrer plein de gens, d’échanger des idées. J’ai tellement appris des gens que j’ai côtoyés.»

Aujourd’hui mère de trois «grands enfants», elle met à contribution les techniques qu’elle a apprises lors de ses cours d’assistance de personnes à domicile. C’est d’ailleurs à titre d’aide qu’elle a rencontré Lise Bertrand et Charles-Antoine, le jeune homme qu’elle a gardé pendant un peu plus d’un an.

Vivre un jour à la fois

Charles-Antoine a aujourd’hui 29 ans. Son passage de l’enfance à l’âge adulte n’a pas été de tout repos pour sa maman. «Maintenant, on sait qu’il est atteint d’un trouble du spectre de l’autisme, d’une déficience intellectuelle sévère et de différents problèmes connexes», résume Lise Bertrand.

«Je me suis rendue compte rapidement qu’il était un peu différent. Quand j’en parlais aux docteurs à l’époque, on me disait que je fabulais. Le verdict est tombé alors qu’il avait trois ans. Les services dont on bénéficiait n’étaient pas nombreux. En fait, la seule aide que j’avais dans ce temps-là, c’était une intervenante qui venait jouer avec lui une fois par trois mois.»

La force et l’amour d’une mère a permis de passer à travers plusieurs épreuves. Aujourd’hui, la maman et son fils vivent aux Résidences Hestia, à Coaticook. «Une chance qu’on a cet établissement, lance la sexagénaire. Notre appartement est sécurisé et ça fait toute une différence. Ailleurs, c’était pratiquement invivable.»

«Il vit avec des gens qui lui ressemblent, si on veut, poursuit-elle. Il y a un respect supplémentaire et il y a une meilleure compréhension de son comportement. Mon voisin est extraordinaire. Il m’a dit que si ça n’allait pas, juste à cogner fort et qu’il allait arriver rapidement. C’est vraiment un beau milieu de vie.»

Peu importe ce qui arrivera, une mère aimera toujours ses enfants, philosophe Mme Bertrand. «Il faut vivre au jour le jour. C’est ma philosophie. Si j’avais un souhait à formuler, j’aimerais que le gouvernement accepte d’offrir à des familles comme la mienne encore plus de répit et d’aide.»