Des œuvres d’Ozias Leduc seraient-elles cachées dans l’église Saint-Edmond de Coaticook?

RELIGION. Sans le savoir, la paroisse des Saints-Apôtres dort-elle sur une petite fortune? Selon des recherches effectuées par des historiens et des amateurs d’art, l’église Saint-Edmond de Coaticook pourrait avoir en sa possession six œuvres du célèbre peintre Ozias Leduc, qui pourraient valoir jusqu’à un million de dollars.

D’abord, les faits. Des archives photographiques datant du milieu des années 1910 prouvent que six œuvres de l’un des artistes-peintres les plus importants du Québec se retrouvaient accrochées aux murs du chœur de l’église.

Pour les représentants de la Société d’histoire de Coaticook et du Musée Beaulne, deux écoles de pensées se confronteraient. «D’abord, il y a ceux qui croient que les toiles sont toujours là, derrière plusieurs couches de peinture. L’autre idée, c’est qu’elles aient été retirées lors de travaux et qu’hypothétiquement, elles auraient été expédiées vers les États-Unis», explique Roch Létourneau, ce passionné d’histoire de Coaticook.

Pour en avoir le cœur net, on a invité un spécialiste d’Ozias Leduc, Laurier Lacroix. Ce dernier est venu visiter l’église Saint-Edmond, le 18 novembre dernier. «Si, en effet, elles s’y retrouvent, ce serait une extraordinaire nouvelle. Ces œuvres pourraient être ressuscitées», s’enthousiasme-t-il.

L’église Saint-Edmond

M. Lacroix n’est pas le seul à être excité par cette possibilité. Président du conseil de gestion de l’église Saint-Edmond, Daniel Tremblay s’emballe lui aussi. «Cette chasse aux trésors a commencé lorsque le curé [Gilles] Baril a écrit son livre, rappelle-t-il. L’église a été construite en 1868. 40 ans plus tard, on a commandé ces toiles pour 4100 $, environ pour le sixième de la valeur totale de la construction du bâtiment.»

Des décisions devront être prises si les toiles sont en effet sous les murs actuels de l’église. «Il y a certainement un côté émotif à tout ça, car ce sont les paroissiens de Saint-Edmond qui ont payé pour ces toiles, rappelle M. Tremblay. Aujourd’hui, nous faisons partie d’un regroupement qui s’appelle la paroisse des Saints-Apôtres. On devra avoir l’aval de plusieurs personnes.»

Devrait-on vendre ces toiles? Devrait-on les conserver afin d’en faire un attrait touristique? «Il ne faut pas se le cacher, il y aura probablement un petit volet entrepreneurial à développer», souligne l’historien Roch Létourneau.

Le verdict?

Selon l’expert Hilaire Lacroix, les chances sont plutôt minces que les œuvres d’Ozias Leduc, qui dépeignent les évangélistes de même que Saint-Edmond, se retrouvent encore dans le bâtiment de la rue Saint-Jacques Nord.

Le comité de gestion devra alors se pencher à savoir s’il poursuit les recherches afin d’en avoir le cœur net. La décision, qui devrait engranger des coûts supplémentaires, sera prise au cours des prochains jours.

Des œuvres de Birs-Desmarteaux

De la même délégation que M. Lacroix, François Perrier a fait la route de Saint-Hilaire jusqu’à Coaticook afin d’observer des œuvres de l’artiste Rose Birs-Desmarteaux.

«Dans la région [Saint-Hilaire], on la considérait comme une clocharde. Son père s’est installé à Coaticook après avoir fait banqueroute, d’où la raison pour laquelle on retrouve de ses œuvres dans la région. Je suis un vrai passionné de cette artiste et je suis prêt à faire beaucoup de route pour voir ses œuvres», souligne-t-il.

On peut justement observer un tableau de l’artiste à l’intérieur de l’église Saint-Edmond. Lorsqu’on regarde vers l’avant, il se retrouve à gauche du chœur. Plusieurs citoyens sont également venus montrer leurs œuvres de Birs-Desmarteaux aux spécialistes ayant fait le voyage.