Réjeanne S. Lebel: la force d’une mère

TÉMOIGNAGE. Les épreuves auxquelles Réjeanne S. Lebel a dû faire face au cours des dernières années sont multiples et à la fois déchirantes. La perte d’un fils. Les nombreux combats qu’elle a dû livrer face au cancer. Bref, bien des gens auraient baissé les bras pour moins. Rencontre avec une femme, une mère et une grand-mère des plus fortes.

La force de Réjeanne S. Lebel, c’est une histoire de famille, avoue la principale intéressée. «C’est inné en moi. C’est quelque chose que ma mère avait aussi. Elle me disait toujours « t’as le droit de te décourager, d’avoir de la peine, mais il ne faut pas que ça dure plus que dix minutes ». Ma mère était très forte et elle a affronté de nombreuses épreuves.»

Tout comme elle l’a fait un certain soir de juin 2002, où son fils Richard, alors âgé de 33 ans, s’est effondré lors d’un match de soccer pour ne plus jamais se relever.  «On a eu beaucoup de peine Guy et moi [le couple est marié depuis 52 années]. Ce qui nous a permis de passer à travers tout ça, c’est grâce au fait qu’on ait pu partager cette peine. On s’est beaucoup écouté au fil du temps.»

Le décès de Richard a bien évidemment amené un élan de sympathie envers la famille Lebel. «On se faisait souvent poser des questions et, même aujourd’hui encore, certains nous accrochent pour nous en parler. Lorsque c’était un peu plus frais à nos mémoires, ça ne nous tentait pas tout le temps d’en parler, mais là, les gens qui osent en discuter un peu avec nous, bien, ça nous rend Richard vivant, le temps de quelques secondes», dit Mme Lebel avec un brin d’émotion dans la voix.

Elle souhaite également souligner la force de la conjointe de Richard, Julie Chaloux, dans cette histoire. Quand Richard est décédé, Julie était enceinte de son deuxième enfant. Malgré l’épreuve, elle a conservé les liens avec la famille Lebel et les grands-parents ont pu voir grandir leurs petits-enfants.

À l’approche de la fête des Mères, la vie continue. «Si on y pense, toutes les occasions sont bonnes pour repenser à mon fils. Longtemps, j’ai trouvé ça difficile à son anniversaire, en avril. Toutefois, avec la force, l’appui de ma famille et des amis, le temps arrange certaines choses.»

Un parcours inspirant

Native de Coaticook, Réjeanne S. Lebel a fait ses premiers pas dans le monde du travail en tant que décoratrice chez Lefebvre et Rona. «Pour aller faire des évaluations, je prenais le camion de l’entreprise. C’est là que j’ai réalisé que j’étais bien au volant d’une voiture. J’adorais être sur la route. Pour moi, rien n’était jamais trop loin.»

L’immobilier l’interpelle ensuite et elle se joint à une bannière en tant qu’agente. «Je travaillais seule à Coaticook et je devais me rendre à Sherbrooke pour des « meetings ». Je suis une fille d’équipe. J’aime m’entourer et travailler avec les gens.»

C’est ainsi qu’à la fin des années 1980, Réjeanne fonde Lebel Immeubles, une entreprise qu’elle dirigera en compagnie de son conjoint Guy jusqu’en 2015. «J’ai arrêté de travailler en raison d’un cancer [la terrible maladie la frappait alors pour une troisième fois]. Je n’avais plus l’énergie ni la concentration pour poursuivre.»

Grâce aux traitements et au suivi de l’oncologue Frédéric Lemay, Mme Lebel dit bien s’en sortir aujourd’hui. Elle est aussi remplie d’un sentiment de fierté de voir sa fille Martine poursuivre le travail dans l’entreprise familiale. «L’important, ce n’est pas que je sois si fière d’elle, c’est plutôt de voir qu’elle se réalise dans ce travail», note-t-elle.

Réjeanne S. Lebel aime bien occuper ses temps libres à travailler dans ses fleurs, jouer au golf ou dévaler les pentes de ski d’Owl’s Head ou de Bromont en saison hivernale.

Si elle avait un message à lancer, quel serait-il? «Si t’as envie de faire de quoi, lance-toi. On se crée ses propres succès. Aujourd’hui, je pourrais m’imager gravir une montage, regarder au loin et me dire « wow, j’ai réalisé tout ça ».»