Les agriculteurs de Compton demandent une révision de leur taxation

AGRICULTURE. Considérant avoir été frappés de plein fouet par une hausse spectaculaire de la valeur de leurs terres, les agriculteurs de Compton demandent à la Municipalité de revoir la façon dont ils sont taxés.

Selon les chiffres présentés par le président de l’Union des producteurs agricoles de Coaticook, Philipp Stirnimann, Compton a pu mettre la main sur des revenus supérieurs de 550 000 $ en 2018 par rapport à l’année précédente. «De ce montant, 500 000 $ viennent du monde agricole, explique-t-il. À mon avis, il y a un certain déséquilibre.»

La plupart des municipalités de la région ont été mises au courant de cette situation, principalement lors du dépôt du nouveau rôle d’évaluation, l’automne dernier. «On souhaite rencontrer les élus de la région afin de les mettre au parfum de notre situation, mentionne M. Stirnimann. Ce qu’on aimerait qu’ils comprennent, c’est qu’il n’y a pas si longtemps, si on prend Compton en exemple, la richesse de la Municipalité était divisée environ 60 % – 40 % [le dernier pourcentage venant du monde agricole]. Dans la dernière année, ce pourcentage est passé de 47 % à 51 %. Je pense qu’on fait largement notre part et qu’il est temps de rééquilibrer les choses.»

L’une des solutions proposées est l’adoption d’un taux distinct pour le secteur agricole. «Une Ville a le droit de le faire, note le président de l’UPA Coaticook. Regardez, Coaticook l’a justement fait dans son dernier budget.»

M. Stirnimann explique que certains de ses membres commencent à être «pris à la gorge» avec l’augmentation de la valeur foncière de leurs terres et des taxes municipales. «Oui, c’est vrai qu’on a un programme de remboursements [de taxes] du gouvernement, mais il a ses limites. Ce qu’on remet en taxes, ça ne va plus dans nos poches ou encore en investissements dans nos installations.»

Il souhaiterait également une réforme à la grandeur de la province afin d’instaurer un taux distinct de taxation, tout comme en Ontario. Il aimerait aussi que le nouveau gouvernement s’attaque à la spéculation dans ce domaine. «Lorsqu’on évalue, on se base souvent sur quelques petites transactions, qui sont parfois peu représentatives du milieu. Il y a aussi la valeur agronomique [ce qui pousse sur la terre] à prendre en considération», avance-t-il.

Le maire Vanasse ouvert

Mis au parfum des demandes des agriculteurs, le maire de Compton, Bernard Vanasse, dit être ouvert aux discussions avec les agriculteurs de sa municipalité. Il avance d’ailleurs qu’une rencontre est déjà prévue à la mi-mars entre les deux groupes.

«Pour l’instant, nous n’avons pas de piste de solution arrêtée, indique le premier magistrat. Va-t-on baisser certains services ou augmenter l’ensemble des taxes des citoyens pour baisser celles des agriculteurs? Chose certaine, on veut s’assoir avec les agriculteurs et aussi avec l’évaluateur pour voir comment il travaille. Ensemble, on travaillera afin de trouver des solutions pour répondre à cette problématique.»

Questionné à savoir si un taux distinct, comme celui à Coaticook, pourrait être adopté, M. Vanasse pense que ce serait difficile. «Il ne faut pas oublier qu’à Coaticook, la richesse agricole ne pèse que pour 17 %. Avec leur parc industriel, ils ont un peu plus de jeu, contrairement à nous oùl’industriel est inexistant.»

«Chose certaine, notre économie dépend beaucoup des agriculteurs, alors on ne peut pas les ignorer», conclut le maire Vanasse.