Journée de la femme: à East Hereford, le conseil municipal est presque exclusivement féminin

POLITIQUE. En cette Journée internationale des droits des femmes (8 mars), le Progrès de Coaticook a voulu mettre en lumière une situation pour le moins particulière à East Hereford. En effet, le conseil municipal y est presque exclusivement composé de femmes (cinq élues sur une possibilité de sept). Rencontre avec quelques-unes d’entre elles qui jonglent avec politique et vie familiale.

Novembre 2017, Marie-Ève Breton est élue par acclamation nouvelle mairesse d’East Hereford, succédant ainsi à Richard Belleville, qui a été premier magistrat de cette petite municipalité pendant plus de 25 années. «Tout le monde au village se posait la question. Qui allait prendre sa place? On s’entend que c’était de grands souliers à chausser», avance Mme Breton.

«J’ai toutefois pris la décision de me lancer, sachant que je n’avais aucune connaissance du milieu municipal. C’était comme se lancer dans le vide, les yeux fermés. Mais, je me suis toujours impliquée dans la vie. Avec l’armée et les cadets, j’ai appris à découvrir un p’tit côté gestionnaire, ce qui m’a certainement aidée dans mes démarches.»

Nouvellement arrivée en poste à titre de conseillère municipale à East Hereford, Caroline Lemire s’est fait convaincre de joindre ses collègues lors de la plus récente Fête régionale de la famille, en décembre dernier. «Pourquoi je ne tenterais pas l’expérience?, s’est alors questionnée celle qui a hérité des dossiers en matière de loisirs lors de son assermentation il y a un peu plus d’un mois. Je suis une fille qui a plein d’idées. Par contre, j’ai besoin d’une équipe pour m’épauler et pour les mettre en action. Le conseil municipal, c’est un peu comme ça que ça fonctionne.»

De son côté. Anick-Nadia Gauthier-Harbour est une mordue de politique. Celle qui a fait partie de l’équipe de l’ex-député de Fabre, Joseph Facal, par le passé, a été élue conseillère municipale en janvier 2018.  «La politique, j’en mange. J’adore m’impliquer et, ici, on a un très beau milieu qui a beaucoup de potentiel. J’aime bien mettre mon petit grain de sel afin de pouvoir améliorer les choses autour de moi.»

Élues et… mamans

Les trois élues d’East Hereford rencontrées ont aussi en commun le fait d’être mamans. Anick-Nadia Gauthier-Harbour couve ses enfants de 17 ans, 13 ans et 14 mois, en plus d’être la belle-mère de quatre autres enfants. «Lorsque j’ai été élue, ma dernière venait pratiquement de naître. Je l’ai trimballée dans certaines réunions, dans sa coquille, sous la table. Je l’allaitais aussi. Jamais on ne m’a fait de gros yeux. Tout le monde a été très accueillant.»

Même constat chez la mairesse Breton, mère de deux enfants de 6 et 10 ans, en plus d’être membre d’une famille recomposée avec des ados de 17 et 19 ans. «Je n’ai jamais senti de discrimination à mon égard, indique-t-elle. Il y a une super équipe à la MRC. On a même déplacé certaines réunions en soirée pour que je puisse y assister.»

«Oui, c’est difficile de jongler avec nos emplois, notre famille et notre travail d’élue. Au bout de la semaine, on termine un peu épuisé, mais on a chacune un caractère fort qui nous aide à passer à travers tout ça. On réussit toujours à se débrouiller.»

Une touche de féminité

Dans leur gestion, les femmes ont un style différent, s’entendent pour dire les élues rencontrées. «On est peut-être plus près de nos émotions, des gens. Les hommes sont peut-être plus cartésiens lorsque vient le temps de prendre des décisions. Il y a aussi des femmes comme ça, c’est certain. Nos décisions sont peut-être plus… réfléchies», s’avance Mme Lemire, hésitante.

Cette dernière dit également avoir eu un certain sentiment de culpabilité, récemment. «Il y avait une activité du comité loisirs et je n’ai pas pu y aller. Je m’en voulais, car je venais d’arriver en poste. Qu’est-ce que les gens vont penser? Il me semble que je repars de la case -10. Je souhaite me sentir à ma place et non comme une imposteure. J’ai trouvé ça difficile. Je pense que c’est une réaction typiquement féminine», philosophe-t-elle.

La parité, est-ce nécessaire?

En 2019, de nombreux gouvernements travaillent sans relâche à présenter un cabinet entièrement paritaire, même chose pour les candidats qu’ils présentent dans les comtés. La parité hommes-femmes est-elle absolument nécessaire? «Je pense plutôt qu’on devrait parler d’une question d’équilibre, note Mme Gauthier-Harbour. Ce sont aux femmes de prendre leur place. Que ce soit un homme ou une femme, tout le monde peut avoir le goût de s’impliquer et de mettre de l’avant de bonnes idées. Il faut simplement être à l’écoute et leur faire une place.»

«À la fin, je pense que tout le monde qui souhaite s’impliquer en politique veut faire avancer les choses. On travaille tous pour offrir une meilleure qualité de vie à nos citoyens, et ce, peu importe si on est un homme ou une femme», conclut la mairesse.