Atteint d’un cancer du cerveau incurable, Rosario Madore conserve sa joie de vivre

COATICOOK. Cancer du cerveau. Stade 4. Le diagnostic semble insurmontable. Pourtant, Rosario Madore refuse de se laisser abattre. «Les statistiques ne sont peut-être pas de mon côté, mais je vais survivre. Je vais m’en sortir», lance ce grand bénévole, rempli d’optimisme. Tout a débuté le 20 janvier dernier, du côté du Centre récréatif Gérard-Couillard. «Il y avait une compétition de patinage artistique, raconte le septuagénaire qui devait alors entretenir la glace, bien assis sur la resurfaceuse. Je venais de finir de parler à un de mes chums, puis, ça m’a pris tout mon p’tit change pour me rendre à mon bureau. Ma jambe ne voulait plus avancer. J’ai fait signe à Farrah [Cabana] de venir me voir et que ça pressait.» Après cette convulsion au bas du corps, M. Madore a passé quelques tests du côté du CHUS et le diagnostic est tombé. «Je savais que c’était inopérable et incurable. J’étais avec mon épouse et une de mes filles et disons que ça pleurait. Ce n’était pas facile. Même le médecin, que je ne connaissais pas beaucoup, n’arrêtait pas de regarder son écran plutôt que de me regarder dans les yeux. C’est difficile livrer de telles nouvelles.» «Quant à mon espérance de vie, je lui ai demandé, mais il a refusé de se prononcer, du moins dans l’immédiat. Des fois, il m’a dit que l’état pouvait rapidement se détériorer, tandis que d’autres peuvent vivre encore plusieurs années. Avec les traitements de radiothérapie et de chimiothérapie, on peut stopper l’évolution. Et c’est sur ce côté positif que j’aime mieux me concentrer. Quand je suis sorti du CHUS, j’ai poussé un cri et je me suis dit que j’allais guérir. Et, depuis ce temps, disons que ça va bien.» Un grand bénévole Depuis que la nouvelle s’est répandue un peu partout en ville, Rosario Madore, que plusieurs ont rebaptisé «Rosaire», reçoit une grande vague d’amour. «Je ne pensais pas être une personne aussi aimée, rigole-t-il. Les gens viennent me voir, s’informent et me disent que je suis dans leurs prières.» Sa côte d’amour n’est certainement pas étrangère à tout le travail qu’il a accompli, que ce soit au niveau de la vie communautaire ou sportive de la municipalité. Natif de Saint-Malo, il a célébré son 50e anniversaire de mariage en juin dernier, avec Berthe Madore, qu’il crédite pour toutes ses implications. Après avoir été travaillé au Connecticut dans la construction, il est revenu dans la région pour occuper des postes notamment chez Meubles Dupuis ainsi qu’à l’aréna. Il s’implique au sein des Chevaliers de Colomb depuis 2007, un organisme qui fêtera son 100e anniversaire en 2020. Il compte y être. «On a reparti le tournoi de golf l’an dernier. Et, même malade, j’y donne de mon temps.» Une de ses grandes peines est d’ailleurs de ne plus pouvoir s’élancer sur les vertes allées des clubs de golf de la région. De 1979 à 2006, M. Madore a joint les rangs du défunt Club optimiste de Coaticook. L’un de ses plus beaux souvenirs a certainement été celui d’avoir fait partie des Célébrités du Foyer du sport, à l’occasion d’un match-bénéfice avec les étoiles des Canadiens de Montréal, édition 1993, gagnants de la Coupe Stanley. «C’est Jean-Pierre Dupuis qui avait organisé cet événement et je ne pouvais pas dire non à ça. Le stade était plein et c’était vraiment une ambiance spéciale. Tout le monde s’était rassemblé pour ça, que ce soit les Optimistes, les Chevaliers et les Aramis.» Et c’est ce que Rosario trouve incroyable au sein de la communauté. «Tout le monde est tissé serré. Peu importe quel organisme tu prends, les gens s’impliquent. On amasse des milliers de dollars pour la Guignolée, même chose pour la marche du cancer [Relais pour la vie]. Même les grosses villes ne ramassent pas autant que nous», dit-il fièrement. Et c’est justement une partie de cet esprit de communauté qui l’aidera fort probablement à passer à travers ces moments difficiles!