La solution pour sauver Viandes Laroche n’est pas simple.

La fermeture de Les Viandes Laroche à Asbestos devrait nous préoccuper au-delà de la perte de 100 emplois. Il s’agissait aussi du dernier abattoir sous inspection fédérale actif dans le bovin au Québec. Pour les producteurs, cela représente un grand danger. Si une crise comme celle de la vache folle devait survenir, cela entrainait la fermeture des frontières. Où ferait-on abattre les bovins?

Les consommateurs sont plus concernés qu’il n’y paraît. C’est l’autonomie alimentaire du pays qui diminue. Pour acheter local, tous les maillons de la chaine doivent être locaux. Est-ce logique de produire du bœuf ici, de le faire abattre aux États-Unis et le ramener sur nos tablettes d’épicerie? Être à la merci d’un pays voisin pour notre alimentation n’est ni sécuritaire ni raisonnable.

Impossible de concurrencer les multinationales. D’abord à cause du large volume d’animaux qu’elles négocient. Puis, parce qu’elles n’ont pas à respecter les mêmes règles de salubrité que les entreprises d’ici. Sans compter que nos règles sont souvent appliquées sans discernement. Allez parler à tous les propriétaires des petits abattoirs régionaux. Ils ont tous des histoires d’horreur à raconter.

Il devient urgent d’améliorer la cohérence entre les actions des gouvernements. Il est inutile de privilégier les circuits courts si les petites entreprises tant de production que de transformation sont empêchées de rester en affaires par de telles incohérences. Bottines, babines, ça vous dit quelque chose?

Une autre avenue serait que le nouveau gouvernement fédéral mette ses culottes et fasse appliquer les mêmes règles aux produits qui entrent aux frontières que celles imposées aux produits d’ici. On appelle ça la réciprocité.

La cohérence de la part du consommateur est aussi souhaitable. Le plus grand pouvoir du citoyen est celui de ses choix de consommation. Favoriser l’achat local plus régulièrement est réellement bénéfique! Saviez-vous que si chaque québécois remplaçait 30 $ par année d’aliments étrangers par des aliments produits ici, le Québec récolterait 1 milliard $ en 5 ans?

L’Assemblée générale annuelle de l’UPA-Estrie a adopté une résolution la semaine dernière demandant au gouvernement canadien de faire en sorte de soustraire l’agriculture des négociations d’ententes commerciales internationales. Les multinationales sortent trop souvent gagnantes de ces ententes au détriment des PME. Le secteur des viandes est un exemple concret des effets pervers à éviter.

Sauver Les Viandes Laroche ce doit donc d’être la préoccupation de tous : travailleurs, producteurs, consommateurs et gouvernements.

François Bourassa

Producteur laitier et acéricole de Valcourt

Président de la Fédération de l’UPA-Estrie