Un nuage d’inquiétudes flotte au-dessus de l’hôpital

SANTÉ. Le projet de loi 10 du ministre Gaétan Barrette projette de fusionner tous les établissements de santé d’une même région. Cette «hypercentralisation» est décriée par les dirigeants du Centre de santé et de services sociaux de la MRC-de-Coaticook, qui croient à une perte de représentativité et, ultimement, une baisse de services à la population de la Vallée advenant son adoption.

«Aller vers une méga-structure comme celle proposée par le docteur Barrette, ça nous inquiète. On se pose beaucoup de questions sur ce fonctionnement. Est-ce que ces nouveaux Centres intégrés de santé et de services sociaux serviront mieux notre collectivité? On en doute», souligne d’entrée de jeu le président du conseil d’administration de l’hôpital coaticookois, Gérard Ruest, à la suite d’une rencontre de l’organisme le 7 octobre dernier.

Selon les têtes dirigeantes du conseil d’administration, la fusion souhaitée par le gouvernement Couillard écarterait toute sorte de participation citoyenne. «Pour nous, c’est un concept fort important, indique M. Ruest. Dans les années 1960, le gouvernement avait brisé ce cycle d’hypercentralisation pour permettre aux collectivités de prendre des décisions, qui répondaient mieux à leurs réalités. Si le projet de loi est adopté, comment la participation citoyenne pourrait-elle se manifester? Les gens doivent être en mesure d’influencer la prise de décision. Si le ministre nomme les administrateurs, les présidents et directeurs généraux, je ne crois pas que ce sera possible. Selon nous, un réseau de la santé ne peut pas relever d’une seule personne.»

Quant aux services offerts à la population, des inquiétudes persistent. «Plus on s’éloigne de la prise de décision, plus on risque de perdre nos services de proximité, craint le président Ruest. Si ces décisions sont prises à Sherbrooke ou encore à Québec, on va vite oublier East Hereford, Saint-Malo ou notre MRC.»

Le personnel de l’établissement de santé coaticookois a également ses craintes. «Ça signifie du changement pour eux également, mentionne le vice-président du conseil d’administration, Robert Savage. Je ne crois pas qu’ils perdent leur travail, mais ils pourraient perdre leur patron ou encore être relocalisés. Tout ça pourrait aussi mener à un possible exode des postes bien rémunérés. Le recrutement de personnel pourrait également être plus difficile si ces spécialistes lorgnent vers la ville centre.»

N’empêche, les dirigeants du Centre de santé et de services sociaux de la MRC-de-Coaticook sont d’accord avec le processus visant à réduire les coûts du système de santé. «Après tout, on était d’accord avec une fusion volontaire avec le CSSS de Memphrémagog, signale Gérard Ruest. Le budget de la Santé représente 50 % des dépenses du Québec et ça continue d’augmenter. Il faut mettre un frein à ça, mais pas à n’importe quel prix. La fusion abordée avec Memphrémagog était une solution pour améliorer la situation. Avec ça, on aurait pu arriver aux mêmes résultats.»

L’équipe du Centre de santé et de services sociaux de la MRC-de-Coaticook espère maintenant participer aux travaux de la possible commission parlementaire du projet de loi 10. «On souhaite avoir l’écoute du ministre et lui faire savoir nos inquiétudes», mentionnent président et vice-président.