Finir sa vie dans un CHSLD

À Coaticook, on peut se considérer comme étant chanceux puisque nous avons un centre d’hébergement à longue durée. Un organisme public qui emploie un bon nombre de concitoyen de la région. Il y a plusieurs circonstances qui peuvent nous amener à se retrouver dans ce genre d’établissement.

Je tiens à vous parler de la situation de ma mère qui s’y retrouve depuis plus de trois ans. Elle a fait une chute dans l’escalier qui lui a occasionné plusieurs fractures. Suite à cette chute les symptômes de démences sont apparus.

Maintenant, j’aimerais parler des gens qui travaillent auprès de cette clientèle. Que de patience, de douceur et d’amour cela prend pour faire à face à tous les jours. Une maladie ingrate qui transforme la personnalité des gens que l’on aime. Ils vivent une réalité qui s’avère de plus en plus difficile, les coupures… On ne parle que de cela. Je vais voir ma mère à tous les week-ends et j’ai pu constater le manque de personnel, la clientèle qui s’alourdi, l’adaptation face aux divers changements de comportement des résidents. Une préposée m’a fait la remarque suivante : C’est comme si je faisais du travail à la chaîne. Je rentre, je me dépêche à laver le patient, le coucher et je ne peux même pas prendre un peu de temps pour lui parce que je dois passer au suivant. Plusieurs d’entre eux se couchent vers 18 h parce qu’ils n’ont plus d’énergie pour rester éveillés.

Un autre sujet dont on nous parle fréquemment c’est qu’il faut bien s’alimenter afin de vivre en santé. Ce n’est pas parce que l’on est institution que le tout doit être différent. On sait tous qu’un montant forfaitaire est alloué pour chaque résident. J’ai pu constater malheureusement que ce que l’on dit et dans la réalité cela est tout à fait différent. Charcuterie est plus souvent au menu que l’on pourrait le croire. J’ai vu au souper l’assiette de viande froide être au menu le 30 décembre 2011 et le lendemain, le 31, la bologne présidait sur la table. Cela continue régulièrement depuis ce jour. Même tout récemment encore, la saucisse, le poulet pressé et la bologne figuraient au menu de la semaine du 7 octobre 2013. Je comprends qu’ils sont confrontés à un budget restreint mais mon questionnement est le suivant : Est-ce que tous les menus sont identiques pour chaque établissement?

Si oui, est-ce qu’ils leur sont imposés par le ministère de la santé? Est-ce qu’ils peuvent le modifier ou le composer à leur gré? Ou bien contrainte il y a? Ces gens, souvent en fin de parcours, ne mérite-t-il pas eux aussi une saine alimentation? Il ne faut surtout pas oublier qu’ils n’y résident pas gratuitement.

Lorsqu’on a un parent qui réside dans un établissement de la santé, il est important d’y aller régulièrement. On peut constater de cette façon le fonctionnement et ainsi éviter certains incidents C’est la meilleure façon de s’assurer que nos proches puissent y vivent dans le respect et la dignité qu’ils ont droit. Ce n’est pas toujours facile mais très rassurant. La meilleure façon de faire changer les choses est de dénoncer ce genre de situation. C’est ce que je fais aujourd’hui et j’espère avoir convaincu certains d’entre vous à agir ainsi.

Je tiens particulièrement à remercier plusieurs personnes qui à maintes reprises ont ramené ma mère à la bijouterie lorsqu’elle partait en escapade, soit seul ou accompagné de son balai.

 

Sylvie Caron,

Longueuil et Coaticookoise de cœur