Gilles Gagné veut un dénouement heureux

Malgré un accident l’an dernier où il a frôlé la mort à plus de 200 km/h, Gilles Gagné persiste à vouloir réaliser son rêve d’établir un record mondial de vitesse aux guidons de sa motocyclette. Une histoire d’authenticité, de sacrifices et de volonté qu’il souhaite à tout prix achever par un dénouement heureux, le 25 août prochain, sur les lacs salés de Bonneville.

Presque un an, jour pour jour, ce sera écoulé lorsque ce Coaticookois se retrouvera au même endroit où tout a chaviré, le 29 août 2012. Une journée qui a commencé comme toutes les autres, mais qui s’est terminée par un drame épouvantable. Une scène d’horreur que Gilles, sa femme, ses deux enfants et son équipe de G-Force n’oublieront pas de sitôt.

«J’étais vraiment «magané», se souvient celui qui a été transporté d’urgence à l’hôpital par hélicoptère. J’ai eu cinq côtes fracturées ainsi que la clavicule. C’est surtout le choc au sol quand j’ai été éjecté qui a été extrêmement violent. Sur le coup, j’ai bien pensé que mon rêve était fini.»

Physiquement amoché et mentalement blessée, Gilles Bélanger s’est sérieusement remis en question. Il savait que la pente qui se dressait devant lui était immense, voire insurmontable, sans compter toute la douleur qu’il a fait subir, bien malgré lui, à ses proches. Après mûre réflexion et avec l’appui inconditionnel de son entourage, il a décidé de foncer dans l’espoir que sa quatrième tentative d’inscrire son nom dans le livre des records sera la bonne.

«Il m’a fallu presque un an d’entraînement pour retrouver ma forme normale, surtout qu’à l’âge que j’ai (56 ans), ça guérit moins vite. Ce n’est pas parce que tu es passionné que c’est plus facile. J’en ai vécu de boutes «rough» et des journées sombres où tu veux tout lâcher. Mais si je ne retourne pas sur la piste, c’est l’accident qui va être le dernier souvenir des milliers d’heures que j’ai investies pour réussir ce que j’ai commencé il y a six ans. J’ai le contrôle de mon histoire et je veux qu’elle se termine par une fin heureuse», soutient-il.

L’une des étapes les plus importantes de sa remise en forme a eu lieu tout récemment, soit le 1er juillet dernier, lorsqu’il a enfourché sa «fusée» sur deux roues pour la première fois depuis son accident. Une «réconciliation» qui s’est bien déroulée dans les circonstances. «Quand j’ai commencé à mettre mon équipement, c’est clair que j’avais une boule dans l’estomac. Mais un coup sur la piste, les réflexes sont revenus rapidement. Plus vite que j’aurais imaginé même. Ça vraiment faite du bien», assure celui qui est également propriétaire du magasin Gagné Lessard Sport à Coaticook.

Le 25 juin prochain, il tentera d’établir une marque mondiale avec sa moto 300cc, alors qu’il laissera la chance à son coéquipier Patrick Lessard d’enfourcher l’autre engin, celui de 600cc, avec lequel Gilles a passé bien près d’y laisser sa peau l’an dernier. Un accident attribuable à un problème au niveau de la configuration de l’aérodynamisme.

«Avec tout ce qui s’est passé, je pense que je ne serais pas capable de la conduire de nouveau. J’aurais trop peur de ne pas avoir l’attitude de confiance et la concentration pour éviter le danger. Car par-dessus tout, je ne suis pas un cowboy, ni un kamikaze, et je n’ai rien à prouver à personne. Mon seul et unique but est de faire un record de vitesse, et non pas un record de témérité. Je crois que j’ai assez payé mon dû pour réussir cette fois-ci. Je vous le jure, quand je verrai la ligne d’arrivée au loin, il va y avoir des larmes qui couleront dans mon casque», conclut-il en remerciant du fond du cœur tous ceux qui le supportent.