Une courbe serrée qu’il faut négocier à basse vitesse

L’accident survenu samedi en après-midi sur la Route 206 fut évidemment LE sujet de discussion à Coaticook au cours des derniers jours. Tout se sait rapidement dans les petites communautés comme la nôtre et les gens s’empressent toujours de sympathiser avec les familles éplorées.

Surtout qu’il s’agit ici d’un grave accident impliquant quatre jeunes de chez-nous âgés entre 15 et 22 ans, dont trois sont décédés sur le coup, samedi, vers 15 h 20. Des enfants dont les parents sont bien connus.

Ce n’est pas la première fois qu’un accident survient dans ce secteur de la Route 206. Cette courbe, située au sommet de ce qu’on appelle chez nous la «Côte Davignon», en est une fortement sinueuse qu’il faut négocier à vitesse réduite.

Certaines collisions ou accidents ont par le passé entraîné des blessés. D’autres se sont soldés par des décès. Ce fut le cas, notamment, de France Gosselin (fille de Normand et Thérèse Gosselin) dans les années 1980 par un soir où la visibilité était quelque peu réduite. Elle aussi était âgée dans la jeune vingtaine lorsque la voiture dans laquelle elle se trouvait s’est retrouvée dans le fossé. «C’est bien certain que c’est une courbe où il faut éviter la vitesse. Est-ce une courbe dangereuse? Faut-il redessiner cette portion de la route? Peut-être que oui. Mais avant de blâmer le Ministère des transports, il faut se souvenir que bien des automobilistes passent par là chaque jour sans conséquence», indique André Lafaille, directeur du service des incendies de Coaticook qui a eu à se rendre sur les lieux pour extraire les victimes de ce qu’il restait de la voiture. «Nous avons reçus l’appel à 15 h 18 et nous sommes repartis de là à 17 h 05. Il a fallu près de deux heures pour libérer les victimes à l’aide des pinces de désincarcération. En 32 ans de carrière, c’est l’une de mes pires expériences. Nos hommes (pompiers), ce ne sont pas des robots, ce sont des humains, des pères de famille. Pas évident de procéder à ce type d’opération en constatant le jeune âge des victimes», d’émettre André Lafaille qui a cru pertinent de rencontrer ses hommes, lundi soir, afin de faire le vide et d’échanger sur cette tragédie qui touche des familles de la région.

Des parents inconsolables

Les parents des trois victimes sont généralement bien connus des gens de la région.

Jean-François Pelletier (qui demeure à Sherbrooke depuis deux ans) est le fils de Roger et Nicole Pelletier, des résidants de la rue Court qui s’impliquent dans toutes sortes de causes dans les domaines sportif et communautaire.

Elle était en pleurs lorsque Le Progrès l’a rejointe. «C’est un drame. Heureusement, nous avons du support qui vient de partout. Nous avons eu des téléphones durant toute la fin de semaine. Les gens sont avec nous pour nous supporter, nous sommes très touchés de ces gestes d’amour», a confié Nicole Pelletier sur un ton rempli de détresse.

Dans un reportage radiophonique, lundi, on a pu entendre la mère de Charles Riendeau (Sylvie Morin) qui était inconsolable. Pleurant à chaudes larmes, elle sympathisait pour les parents des deux autres victimes, et faisant allusion au fait que c’est son fils qui était au volant de la voiture et qu’une maladresse était possiblement à l’origine de cette fatale collision frontale.

Mauvais souvenirs

Ce grave accident mortel impliquant plusieurs jeunes (3) n’est pas sans nous rappeler ce fameux 15 septembre 1980 alors que cinq jeunes de la région de Coaticook, âgés entre 15 et 20 ans, avaient péri à la suite d’un accident d’auto (collision frontale). Gérard Boily, le père de l’une des victimes (Alain, alors âgé de 15 ans) s’en souvient comme si c’était hier. «À chaque fois qu’un jeune de Coaticook meurt dans un accident d’auto, ça revient nous hanter, c’est comme une autre flèche qui nous transperce le cœur», raconte monsieur Boily au sujet de cet accident qui avait fait couler beaucoup d’encre à l’époque.

«Ils étaient sept (7) jeunes à bord de la voiture et on m’a raconté que l’un des survivants, Christian Charest, avait tenté de libérer mon fils (Alain) de l’auto, lui qui était encore vivant, mais une violente explosion était alors survenue pour mettre fin à sa tentative», mentionne Monsieur Boily.